Comment la Chambre a dépensé 700.000 euros pour un site web fantôme

En 2018, le Parlement fédéral a déboursé 160.000 euros pour refaire le site internet de la Chambre. 5 ans plus tard, le projet a dérapé, le budget a quadruplé… et la Chambre n’a toujours pas de nouveau site.

Comment la Chambre a dépensé 700.000 euros pour un site web fantôme
@BELGAIMAGE

Le 1er janvier 2024, la Belgique prendra pour six mois la présidence tournante de l’Union européenne. Afin de se montrer sur son 31 le jour J, la Chambre des représentants a décidé d’offrir un lifting à son site internet. Design poussiéreux, recherches compliquées (surtout sur smartphone)…quiconque s’étant rendu sur lachambre.be conviendra en effet que la page de la chambre basse du Parlement fédéral a besoin d’un bon coup de neuf.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

En 2018, la Smals, l’ASBL développant bon nombre d’outils informatiques de l’Etat, a été chargée de «mettre à disposition des utilisateurs une version mobile du site». Budget alloué : 159.589 euros. Cinq ans plus tard, l’addition pour le Parlement s’élève à 699.258 euros, rapportait Het Laatste Nieuws.

Et, faute de lifting, le site de la Chambre arbore quelques rides de plus. Il ne devrait d'ailleurs pas faire peau neuve avant le début de la présidence belge de l’UE, explique Le Soir. Selon le quotidien francophone, c’est une somme d’erreurs d’estimation, de changements de cap et de problèmes techniques qui ont conduit à ce fiasco numérique.

De la bonne gestion des deniers publics...

«Le budget du projet à proprement parlé a quasiment doublé par rapport aux estimations initiales», a déclaré au Soir Jan-Frans Lemmens, porte-parole de la Smals. Celui-ci est en effet passé à 327.773 euros, notamment en raison de problèmes techniques liés à l’historique des travaux parlementaires à archiver. «Mais le reste des dépassements est lié à des chantiers connexes, dont la Smals n’est pas le prestataire, comme des travaux liés à l’infrastructure pris en charge par Proximus», précisait Jan-Frans Lemmens.

De quoi, au final, faire grimper la facture à près de 700.000 euros. «Sur demande de la Chambre, en concertation avec leurs équipes techniques, le projet a changé de cap de nombreuses fois ». « Il a parfois été mis frigo, puis ressorti du frigo, à plusieurs reprises», ajoutait le porte-parole.

 

 

On vous fait la version courte : après une série de tergiversations, il est proposé à la Smals de fournir un site Web simplifié, contenant uniquement les informations générales basiques, pour le 31 décembre 2023 ; et dans un deuxième temps (sans date fixée) une version mise à jour du site actuel pour le grand public ainsi qu'un nouveau site destiné uniquement aux professionnels.

Une proposition que la Smals a préféré décliner, arguant de délais impossibles à tenir dans ces conditions. Et voilà comment, à moins d’un an de l’échéance, la Chambre n’a aucune certitude de voir son site mis à jour. Quant aux budgets déjà alloués, «il n’est pas réaliste d’espérer qu’une partie de l’investissement puisse être récupérée par un recyclage technique dans un nouveau projet», pointait une note adressée au Comité de gouvernance de la Chambre.

 

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité