Après la polémique, le «Sauvage» de la Ducasse d'Ath transformé en diable ?

Une personne grimée en noir, un anneau dans le nez, des chaines aux poignets. Depuis 1873, la Ducasse d'Ath mettait en scène un personnage baptisé le «Sauvage». En décembre 2002, l’Unesco décidait de retirer la Ducasse d’Ath de sa liste du patrimoine immatériel, «au nom de la lutte contre le racisme» (l’événement y avait été intégré en 2005).

L’instance onusienne épinglait le «Sauvage» : «cet élément-là ne peut être accepté par l’Unesco. Je suis africain et je suis profondément choqué», déclarait alors le président de séance, le Marocain Samir Addhare.

En réaction, le Conseil communal d'Ath a constitué début 2023 une assemblée de 60 citoyens athois représentatifs pour étudier la problématique entourant le personnage. À l'issue de sa troisième séance, qui s'est déroulée ce dimanche, il semble qu’un consensus ait été trouvé pour faire évoluer le personnage du «Sauvage».

Qui n’en serait désormais plus un, et deviendrait le «diable de la barque des Pêcheurs napolitains», a proposé la Commission citoyenne du folklore d’Ath. Nouvelle histoire, donc, et nouveau look pour le personnage, dont la dimension fantastique devrait être accentuée avec des caractéristiques visuelles comme des lentilles rouges, paupières et orbites de la même couleur...

Déshumanisation du personnage

L’objectif poursuivi serait de déshumaniser le personnage, qui ne serait plus un homme «sauvage» vociférant sur la barque des Pêcheurs napolitains, mais bien un «diable» multipliant les facéties. Et, à partir du moment où il ne représente plus un humain, les accusations de «blackface» (le fait de se grimer le visage en noir est considéré comme raciste dans le monde anglo-saxon) ne devraient plus avoir cours.

Un autre personnage de la Ducasse était également épinglé: le diable Magnon. «La Commission propose d'affirmer davantage la dimension diabolique et fantastique du personnage, en levant toute ambiguïté», a précisé la ville d'Ath.

Comme le rappelait la DH, la «mission» de la commission est avant tout de remettre un avis au conseil communal sur l’avenir de ces personnages. La réflexion devra poursuivre pour peaufiner leur apparence précise et valider une «solution» définitive.

«Nous avons atteint un consensus, au moins sur les grands principes, se réjouissait Laurent Dubuisson, directeur de la Maison des géants, dans la DH. On va dans le bon sens, et il n’a même pas fallu passer par un vote. Tout le monde a envie de retrouver une Ducasse sereine et de lever les ambiguïtés. Tout le monde a envie de retrouver l’essence de la Ducasse, à savoir un événement qui rassemble et non qui divise».