Vers un remboursement des séances de logopédie pour tous les enfants ? 9 associations le demandent

Une vingtaine de personnes ont manifesté ce vendredi matin devant le cabinet du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke afin de réclamer le remboursement des frais de logopédie ambulatoire également pour les enfants à besoins spécifiques ayant un diagnostic d'autisme ou une déficience intellectuelle. Ces remboursements sont liés à des conditions strictes, dont peuvent être exclus de nombreux enfants, dénoncent neuf associations dans les domaines du handicap et de la santé.

Frank Vandenbroucke
© Belga Image

Le Groupe d'Action qui dénonce le Manque de Places pour personnes handicapées de grande dépendance (Gamp), à l'initiative de cette mobilisation, réclame depuis une dizaine d'années ce changement, qui pourrait concerner des centaines de familles. L'association était accompagnée dans cette manifestation par les ASBL Autisme Liège, Inclusion, Droit, Handicap et Inclusion, lnforAutisme, Happycurien, la Ligue des Droits de l'Enfant, la Ligue des Familles et Médecine pour le Peuple.

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Les frais de logopédie ambulatoire ne sont jusqu'ici pas remboursés si l'enfant a un quotient intellectuel inférieur à 86 ou s'il est diagnostiqué avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA), assimilé à une affection psychiatrique selon la nomenclature de l'Inami. "C'est une discrimination inacceptable", estime Cinzia Agoni, porte-parole du Gamp. "Ces enfants ont le droit d'apprendre à communiquer, à s'exprimer. Et cela passe par ces séances de logopédie. Si ces enfants ne sont pas aidés quand ils sont petits, ils développeront des surhandicaps, des handicaps supplémentaires qui les mèneront à une vie en institution, quand on trouve une place, ou exclu de la société, à la charge de leurs parents vieillissants."

"Les moyens et les formations sont disponibles, mais sans remboursement, les familles se retrouvent en difficulté. Cela crée de la précarité, en plus des problèmes de santé", ajoute la porte-parole. "Sans la possibilité de communiquer, ces enfants peuvent développer des troubles du comportement. Le politique doit réparer cette injustice", clame Kajjal Abder, père d'un garçon de 31 ans avec un TSA.

Un manque de place 

Frank Vandenbroucke, interpellé en mars dernier en commission Santé de la Chambre, argumente que cette différence de traitement s'explique par une nomenclature différente à l'Inami et ajoute que des soins de logopédie sont déjà proposés dans l'enseignement spécialisé ou en centres de rééducation, gérés par les entités fédérées depuis la sixième réforme de l'État. Des écoles débordées et des centres trop peu nombreux et déjà complets, répliquent les associations et familles.

Face à cette situation, le Gamp propose notamment des formations aux familles afin de leur apprendre le PECS, un système de communication par échange d'images, un apprentissage normalement mené de manière monodisciplinaire par des logopèdes formés. "C'est grâce à la solidarité des familles qu'on s'en sort aujourd'hui", explique Jinaie, mère d'un enfant de 3 ans et demi, diagnostiqué voici moins d'un an d'un trouble du spectre de l'autisme. "Il a besoin d'aide pour tout son développement: on doit lui apprendre à s'asseoir, à boire… Ces cours de logopédie, ce n'est pas du luxe, c'est vital pour nous", ajoute-t-elle.

"Les enfants avec un trouble de développement mental, intellectuel ou avec de l'autisme peuvent présenter des difficultés quant à l'expression orale ou la compréhension de la communication", confirme Muriel Baumal, logopède et mère d'un enfant victime de trisomie 21 et d'un trouble du développement. "La logopédie est fondamentale pour le développement, pour accéder à des droits essentiels en tant qu'être humain. Ne pas donner accès à un remboursement à tous les enfants, c'est créer rapidement du surhandicap dans leur vie future".

Deux pistes de solutions envisagées

Une rencontre avec le cabinet du ministre de la Santé a eu lieu vers 10h30, en marge de la manifestation. Les familles et représentants des associations ont été reçus durant près de deux heures. Ceux-ci estiment avoir été entendus par les membres du cabinet, mais ne crient "pas victoire trop vite".

Deux engagements ont été pris pour analyser la situation actuelle, rapporte le Gamp: des discussions d'ici cet été au sein de l'Inami autour de l'autisme; et le lancement d'une étude pour déterminer si la meilleure prise en charge est mono ou pluridisciplinaire pour les personnes avec un QI inférieur à 86. Les associations et familles précisent envisager une action collective en justice si les avancées politiques ne sont pas suffisantes.

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