
Retour d'Olivier Vandecasteele: Les proches ont retrouvé un homme affaibli mais qui n'a pas perdu son enthousiasme

"Intellectuellement, il allait bien. On a retrouvé l'Olivier d'antan, avec sa chaleur, son humour même. Mais il a perdu beaucoup de poids (...) Il était très enthousiaste même si c'est un homme marqué, qui a souffert", a expliqué l'un de ses amis et porte-parole du comité de soutien, Olivier Van Steirtegem.
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Arrivé à Melsbroek, l'ex-détenu a été accueilli par une délégation ministérielle. Les médias étaient présents en nombre. S'il ne doutait pas de la mobilisation en sa faveur, l'ampleur l'a surpris. Vendredi matin, Olivier Vandecasteele a été sorti de sa cellule en Iran et sommé de prendre ses affaires. Ses gardiens lui ont bandé les yeux avant de l'emmener vers un aéroport. À cet instant, il pensait qu'il allait être transféré vers une autre prison, comme cela avait déjà été le cas durant sa détention.
Ce n'est que lorsqu'il a pris l'avion vers Mascate, capitale d'Oman où une équipe belge avait été dépêchée, qu'il a compris qu'il serait libéré. Le travailleur humanitaire a été détenu longtemps dans des conditions inhumaines qui s'apparentaient à de la torture: isolement, lumière en permanence, absence du moindre confort, etc.
Des conditions plus que difficiles
Les premiers mois ont été les plus durs, selon ses proches, car il devait également subir les interrogatoires des autorités iraniennes. Plusieurs fois, les geôliers ont fait croire à l'otage belge que son pays l'avait laissé tomber. Il a réfuté leurs arguments, ce qui lui a, à chaque fois, valu une dégradation de ses conditions de détention.
Actif plusieurs années en Afghanistan et puis en Iran, "Olivier est un homme fort", a assuré M. Van Steirtegem qui a rappelé sa connaissance du pays où il avait vécu six ans et de ses pratiques, comme celle de la diplomatie des otages. "Il n'a pas douté mais le temps a dû lui paraître long".
En prison, "des rituels pour peupler sa solitude" lui ont permis de tenir. Adepte de la course à pied, il arpentait ainsi en diagonale la cour de 3 mètres sur 5 à laquelle il avait accès trois fois par semaine pour atteindre 25 kilomètres. Arrivé en Belgique, il n'avait rien "perdu de sa belgitude" puisqu'il a annoncé qu'il "avait soif", a confié Mouna Ferdi, une amie.
Un recours à l'article 167 de la Constitution nécessaire
Olivier Vandecasteele a été libéré après 455 jours de détention. Il a été échangé contre un diplomate iranien, Assadolah Assadi, condamné en Belgique pour un projet d'attentat terroriste, dont Téhéran tentait d'obtenir le rapatriement par tous les moyens. Pour mener l'opération de manière transparente et conforme à un État de droit, le gouvernement avait privilégié la voie d'un traité de transfèrement de prisonniers avec l'Iran.
Devant les délais de mise en œuvre et le risque d'un recours de l'opposition iranienne, mobilisée pour éviter le rapatriement du diplomate, les autorités belges ont finalement recouru à l'article 167 de la Constitution - qui confie à l'exécutif la conduite des relations extérieures de la Belgique - pour sortir Assadi de sa cellule et le transférer. L'opposition iranienne en exil, rassemblée dans le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI), partie civile dans ce dossier, a dénoncé une violation d'un arrêt de la Cour constitutionnelle qui imposait de l'avertir si la décision de transfèrement était prise afin de pouvoir exercer un recours.
"J'ai le sentiment que l'esprit de la décision d'hier était la dernière étape logique et légitime de ce qui a été fait avant", a répliqué l'un des avocats de la famille Vandecasteele, Michel Kaiser. "C'est le droit à la vie d'un homme qui a primé et triomphé, et qui a guidé les autorités dans leur décision", a renchéri l'avocate Chloé Georgiev.