Le premier testament participatif au monde est belge, et c'est plus fun qu'il n'y paraît!

Pour lever le tabou de la mort, des Belges ont voulu aborder le sujet de façon plus détendue et ce en créant un réseau social dénommé La Cigale.

La Cigale
L’équipe derrière le réseau social La Cigale (de gauche à droite Pierre, François et Jonathan) ©Jonathan Dellicour

Nous en sommes tous conscients: un jour ou l'autre, nous allons mourir. Il est donc normal de se poser une série de questions sur le moment fatidique de notre décès: qu'est-ce que je voudrais faire avant de rendre l'âme? À quoi ressemblera mon enterrement? Quel souvenir je laisserai autour de moi? Autant d'interrogations essentielles, mais puisque la mort est un sujet tabou, les réponses sont bien souvent emportées avec nous dans la tombe, sans que personne n'en sache rien. Conscients de cette injustice, trois amis bruxellois, François, Simon et Jonathan (rejoints par un quatrième homme, Pierre), ont décidé d'innover et de créer ce qu'ils appellent un "testament participatif". Plus concrètement, il s'agit d'un réseau social dénommé La Cigale où ces réponses sont mises par écrit et partagées avec des connaissances. Un peu glauque, diriez-vous? En réalité, ce n'est pas tant le cas que ça, les co-fondateurs ayant tout fait pour que cela prenne la forme la plus agréable possible.

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Des souhaits classés en quatre catégories

Contrairement à un testament "normal", il n'est pas question de parler ici de partage des biens immobiliers. Le but de La Cigale, c'est de parler de ses rêves et de ses envies sur ce qui passerait avant et après notre mort. "Bref, de tout ce qu’un testament officiel et porté sur l’argent ne dira pas", déclare le communiqué de presse de La Cigale.

Pour cela, il faut créer son compte (ce qui se fait gratuitement) et compléter son profil selon un schéma en quatre parties. Primo, l'utilisateur établit une "bucketlist" de ce qu'il voudrait faire avant son décès. Deuzio, il renseigne ses souhaits pour son enterrement (la forme de la cérémonie, les chansons passées pour l'occasion, l'identité de ceux qui seront invités à faire des discours, des consignes sur le code vestimentaire ou la nourriture servie, etc.). Tertio, il précise ses désirs pour le devenir de ses objets personnels (pas immobiliers donc): plantes, collections en tout genre, etc. Enfin, il décrit comment il aimerait que se déroulent des éventuels hommages sur le plus long terme (événements à l'anniversaire de sa mort, dispositions spéciales pour ne pas tomber dans l'oubli, etc.).

Parler de la mort avec un esprit positif

Cela peut paraître très formaté, mais les concepteurs du site invitent à ce que cela suscite au contraire de la joie et de la bonne humeur. Le communiqué de presse donne ainsi l'exemple d'une personne qui voudrait faire le mythique GR5 avant de mourir avec trois de ses amis, afin de relever le défi de relier à pied la mer du Nord et la Côte d'Azur. Sur un ton plus humoristique, une autre dit vouloir voir le Palais de justice de Bruxelles sans échafaudages avant de passer l'arme à gauche, "si ce n'est pas trop demander". Évidemment, cela n'empêche pas des réflexions plus profondes, à l'instar de cet utilisateur qui demande à ses proches d'agir pour la biodiversité après sa mort, par exemple en ayant un soin particulier pour les fleurs entourant sa tombe.

Précision importante: tous ces renseignements ne seront visibles que par ceux qui auront été ajoutés dans le cercle d'amis. La Cigale ressemble en cela aux autres réseaux sociaux, où il est possible de ne pas rendre ses informations entièrement publiques. Au sein de sa petite communauté, il est ensuite possible de consulter, liker et commenter les publications des autres, exactement comme on pourrait le faire sur Facebook, TikTok ou Instagram. Il existe même un bouton "participer" afin de s'engager à exhausser les souhaits de nos proches.

"Un produit unique et belge"

Après quatre ans de travail sur fonds propres, les trois co-fondateurs sont aujourd'hui heureux de présenter au public le fruit de leurs efforts. "Nous sommes partis d'un constat: en-dehors d'un testament officiel, pompeux et surtout coûteux, il n'existe rien de pratique et encore moins de fun pour signifier à nos proches ce qui compte pour nous en ce qui concerne notre décès. La Cigale est un produit unique, belge, et qui répond à ce besoin", explique François.

Pour Simon, il était nécessaire de créer cet espace où il est possible de dire à ses proches ce qui compte réellement pour nous, sans devoir attendre l'heure fatidique. "L'objectif principal derrière le développement de La Cigale, c'est de parler maintenant de ce qui est important, impliquer ses proches et, si possible, de le faire avec un peu de légèreté", dit-il.

Pour la petite histoire, le nom du site s'inspire de la fable de la Cigale et la Fourmi, en évoquant le manque de prévoyance de la première. "Ne soyez pas comme la Cigale" [qui] a fait la fête toute sa vie et à sa mort, rien n'était prêt", note le communiqué de presse. "Soyez plutôt comme la Fourmi: anticipez!".

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