

Lier les taux
À la fin du mois de mai, Vooruit déposait un projet de loi appelé à lier les taux d’intérêt de la Banque centrale européenne à ceux des livrets d’épargne. Objectif: rendre obligatoire une augmentation des taux des livrets en cas d’augmentation de ceux de la BCE. Écolo/Groen allait dans le même sens, demandant de limiter législativement l’écart entre les deux à un maximum de 2 %, alors que la BCE accorde actuellement des taux aux banques à hauteur de 3,25 %.
Pression des libéraux
Malgré l’avis de la BNB, Alexander De Croo et Alexia Bertrand, secrétaire d’État à la Protection des consommateurs, ont donné jusqu’à fin juin aux banques pour augmenter leurs taux, sous peine d’intervenir.
Aussi de la gauche
“Que le secteur bancaire perçoive des intérêts sans risque de la BCE et que les épargnants belges ne reçoivent rien en retour, ça ne va pas”, a assené le vice-Premier et Vooruit Frank Vandenbroucke. “Cet avis de la BNB est utile mais il ne nous convainc pas.”
1,5 - 2 %
“Les banques peuvent se permettre une hausse des intérêts sur les dépôts d’épargne à 1,5 %, voire 2 %. Cela leur laisserait une marge encore très large. (...) Il faut se rendre compte qu’il s’agit de profits pour lesquels les banques ne doivent rien faire, aucune analyse de risque”, a estimé l’économiste Paul De Grauwe pour Trends-Tendances.
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BNB contre la contrainte
Le gouvernement fédéral a demandé un avis à la Banque nationale sur une éventuelle obligation d’augmentation des taux d’intérêt des comptes d’épargne. L’avis est négatif. “L’intervention pourrait avoir des conséquences considérables sur la rentabilité, la gestion du risque de taux d’intérêt et la solvabilité des banques.”
Fragile
Si la BNB recommande cependant aux banques de fournir les efforts nécessaires pour remonter leurs taux, l’argument de la fragilité du secteur revient effectivement souvent. Dans la bouche du secteur lui-même. Febelfin, son représentant belge, critique également la volonté d’intervention gouvernementale.
Le repos du banquier
Pourquoi les banques n’augmentent-elles pas leur taux alors qu’elles touchent de “l’argent gratuit” via ceux de la BCE? Parce qu’elles savent les clients belges fidèles à leur banque, et qu’avec le niveau de liquidités qu’elles possèdent actuellement, elles ne doivent pas les chasser.
4.000 milliards
Concrètement, les banques belges disposent de 4.000 milliards d’euros de dépôts auprès de la BCE, montant sur lequel elles perçoivent donc 3,25 % d’intérêts. La BCE avait rapidement remonté ses taux pour freiner l’inflation. Résultat: les taux hypothécaires ont grimpé, mais pas les taux d’épargne. En Belgique, 300 milliards d’euros dorment sur les comptes d’épargne.