Le Vlaams Belang dépense plus de 160.000€ pour obtenir des données Facebook en échange de drapeaux flamingants

Le Vlaams Belang a investi des sommes très importantes pour sponsoriser une publication Facebook lui permettant de récolter des données sur des internautes.

Drapeau flamand à l'Hôtel Errera
Le drapeau flamand, le 11 juillet 2020 à l’Hôtel Errera, résidence de fonction du ministre-président de la Région flamande à Bruxelles ©BelgaImage

Hier, la Flandre fêtait sa fête communautaire et à moins d'un an des élections, certains partis n'ont pas hésité à profiter de l'occasion pour avancer leurs pions. C'est le cas des nationalistes du Vlaams Belang. Comme le révèle le Standaard, la formation d'extrême-droite a distribué gratuitement des drapeaux flamingants à l'occasion du 11 juillet. A priori, rien de bien méchant si ce n'est que pour pavaner avec son cadeau, les internautes ont dû donner accepter de céder certaines de leurs données au parti. En une seule journée, ce dernier a investi pas moins de 33.111 euros en publicités pour donner un visibilité maximale à sa campagne sur Facebook. Mais ce n'est pas tout! Plus largement, le Vlaams Belang a dépensé plus de 160.000 euros dans ce cadre.

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La très onéreuse com' du Vlaams Belang

Ce montant total est le fruit d'un travail de recherche mené par le collectif Adlens, comme le fait savoir la RTBF. Pour cela, une masse de données récoltées entre le 14 juin et le 5 juillet a été passée au crible. Résultat: le parti de Tom Van Grieken a bel et bien investi cette somme rien que pour diffuser des publicités avec les termes "11 juli", "11juli" ou "Vlaamse Feestdag".

Pour avoir une idée de ce que cela représente, la télévision publique belge rappelle que celui-ci a payé en moyenne 97.000 par mois en publicité sur Facebook en 2022. Puisque le Vlaams Belang représente une des formations les plus dépensières, cela représente beaucoup d'argent à l'échelle de l'ensemble des partis. La N-VA, pourtant elle aussi généralement dépensière, a payé 1.500 euros pour sponsoriser une invitation à recevoir un drapeau flamingant.

Une stratégie en amont des élections

De manière plus précise, Adlens montre que le Vlaams Belang a ciblé 200 des 300 communes flamandes dans le cadre de son opération. "Premièrement, ça permet de réaffirmer ou d’exacerber le sentiment d’identité flamand, puisque ces drapeaux sont destinés à être affichés, suspendus aux balcons par exemple. Ça permet surtout de disposer toute une série de données sur les personnes qui commandent ce drapeau qui n’est pas officiellement le drapeau flamand, mais le drapeau flamingant dénué de couleur rouge", explique à la RTBF Benjamin Biard, chargé de recherches au centre de recherche du CRISP.

Selon lui, cette opération est aussi destinée à rivaliser avec la N-VA, non seulement auprès de ces électeurs qui pourraient voter pour un des deux partis nationalistes, mais aussi pour compenser le fait que le Vlaams Belang est moins visible puisqu'il ne participe pas au gouvernement flamand. Le chercheur estime qu'il faut s'attendre à ce que le parti d'extrême-droite continue à dépenser toujours plus, alors qu'il consacre déjà 60% de son énorme budget (lié à sa position de deuxième formation du pays) à la communication, d'après une étude. "À partir du 9 février de l’année prochaine, les dépenses en propagande seront limitées et contrôlées pendant la période de prudence. À en croire les intentions de vote dans les sondages, le Vlaams Belang va vraisemblablement encore disposer d’une manne financière plus importante à l’issue des élections de 2024".

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