
La mer du Nord est-elle la plus sale du monde?
Un navire de pêche a été pris en flagrant délit par l’avion de surveillance de l’Institut royal des sciences naturelles. Il rejetait des hydrocarbures dans la zone maritime belge. Une substance organique, composante du pétrole et du gaz naturel, à la toxicité “modérée” pour la santé humaine et source majeure de dégradation des écosystèmes. Une semaine plus tard, l’IRSNB découvrait une nappe d’1,6 tonne d’hydrocarbures. L’une des plus grandes de ces quinze dernières années. Ce navire n’en est pas le seul responsable. Deux autres ont rincé des citernes, déversant des huiles végétales dans l’eau. Plus ceux qui ont été plus discrets. Leur culpabilité sera déterminée par l’inspection portuaire.
Certains vacanciers sont réticents à l’idée de nager dans la mer du Nord sous prétexte qu’elle serait sale. Ce genre d’incidents volontaires ou involontaires - il y en a eu 19 en 2022 impliquant des hydrocarbures ou des substances liquides nocives - ne rassure pas. Sans parler des plateformes d’extraction de gaz et de pétrole abandonnées au large par des entreprises pétrolières qui contiendraient encore, selon Greenpeace, plus de 10.000 tonnes de pétrole. À cause d’un manque d’entretien de ces plateformes, ces réserves pourraient in fine se retrouver dans les eaux. Le tableau semble noir, mais cela signifie-t-il pour autant que se baigner en bord de plage est dangereux? Pas sûr.
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La santé du baigneur
Les experts interrogés dans ce dossier sont plutôt rassurants, tout en se montrant, ensuite, nuancés. Alfred Bernard, toxicologue et directeur de recherches au FNRS, commence par apaiser les inquiétudes. “Les principaux risques dans la mer du Nord, ce sont les blessures, pas les infections. Une contamination aux hydrocarbures aromatiques polycycliques nécessite une exposition chronique sur plusieurs années ainsi qu’une ingestion importante d’eau. Deux conditions qui ne sont pas remplies en se rafraîchissant à la côte belge pendant l’été. Le risque est donc improbable pour les vacanciers à la côte ou dans les sites de baignade de nos rivières et de nos lacs.” Au pire, les nageurs les plus sensibles risqueraient des éruptions cutanées, des irritations des yeux et de la gorge, voire une gastro-entérite s’ils venaient à boire la tasse trop souvent…