Roi Baudouin: il y a 30 ans, un nombre record de Belges pleuraient la mort de leur souverain

Jamais les obsèques d'un monarque belge n'avaient attiré autant de monde à Bruxelles que suite au décès du roi Baudouin, il y a exactement 30 ans.

Mort du roi Baudouin
La foule rassemblée au palais royal après la mort du roi Baudouin, à Bruxelles le 6 août 1993 ©BelgaImage

Lundi, cela fera trente ans que le roi Baudouin, le cinquième monarque des Belges, est décédé subitement à l'âge de 62 ans des suites d'un arrêt cardiaque dans la résidence royale de Motril, en Espagne. La mort du roi a amené une foule nombreuse à lui rendre un dernier hommage au palais: plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fait la queue pendant des heures.

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La Belgique sous le choc

Samedi soir, 31 juillet, vers 19h50, le chef de cabinet Jacques van Ypersele de Strihou a informé le Premier ministre de l'époque, Jean-Luc Dehaene, du décès du monarque. Vers minuit, l'agence de presse espagnole EFE a publié un bulletin: "Selon des sources diplomatiques, le roi des Belges serait mort à Motril vers 22 heures". À minuit, le cabinet se réunit en séance d'urgence. Là, le Premier ministre a annoncé la mort du roi. Lors de l'audience d'urgence, il a été déterminé que le successeur constitutionnel était le prince Albert. Le Premier ministre Dehaene, le chef de cabinet et le ministre de la Justice partent alors immédiatement pour Motril, où ils doivent déclarer officiellement la mort du roi.

À son retour en Belgique, le Premier ministre Dehaene s'adresse à la population et annonce de façon inattendue qu'il "se joindra au successeur constitutionnel de Baudouin, le prince Albert", 59 ans et frère du défunt monarque. Dans les mois qui ont précédé la mort de Baudouin, des rumeurs ont circulé selon lesquelles le prince Philippe, alors âgé de 33 ans, fils aîné d'Albert, monterait un jour sur le trône après Baudouin. Le gouvernement a annoncé une période de deuil national qui durerait jusqu'au jour des funérailles.

Des milliers de Belges au palais

Dans de nombreux endroits en Belgique, les drapeaux ont été mis en berne et tous les médias ont changé leurs programmes. Dans la nuit de dimanche à lundi, la reine Fabiola et le futur roi sont rentrés en Belgique avec la dépouille du roi Baudouin. Le lendemain, des milliers de personnes se sont rassemblées devant les grilles du château de Laeken. Le corps a ensuite été déposé au palais royal de Bruxelles. Une fois de plus, des dizaines de milliers de personnes se sont rendues à Bruxelles pour lui dire un dernier adieu. Il faisait chaud et de nombreuses personnes se sont évanouies de chaleur et d'épuisement.

Le samedi 7 septembre, jour où le roi Baudouin aurait fêté ses 63 ans, les obsèques ont eu lieu dans la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule. De nombreux chefs d'État et de gouvernement ont personnellement rendu un dernier salut. La reine Fabiola était vêtue de blanc. Will Tura a chanté, entre autres, un arrangement de "Hoop doet leven" ("L'espoir fait la vie"), tandis que des témoignages étaient lus sur des problèmes qui tenaient à cœur au roi. Par la suite, la dépouille du roi fut inhumée dans la crypte de Laeken, à côté de ses prédécesseurs. Deux jours plus tard, le 9 août, Albert prête serment comme sixième Roi des Belges devant la Chambre et le Sénat réunis.

Un règne marqué par la personnalité du roi et quelques polémiques

Baudouin monta sur le trône à l'âge de 21 ans, après l'abdication de son père Léopold III. Ce dernier a dû démissionner après son attitude pendant la Seconde Guerre mondiale, sur la question dite royale. Baudouin avait l'image d'"un roi triste", mais il a réussi à s'attirer les faveurs d'une grande partie du pays par son humanité et son engagement social. Son mariage en 1960 avec Fabiola de Mora y Aragón a également changé l'image du monarque. Bien que le couple royal ne puisse pas avoir d'enfants, ils continuent à vivre près de leurs proches et invitent régulièrement nièces et neveux à Laeken. Le monarque a notamment formé son neveu Philippe, qu'il considérait comme un successeur naturel, bien que son frère Albert soit constitutionnellement héritier du trône.

Cependant, son règne de quatre décennies n'a pas été sans heurts. Son discours à l'indépendance du Congo en 1960 et sa réponse à la réfutation du Premier ministre Patrice Lumumba ont suscité un houleux débat. Trente ans plus tard, le roi Baudouin provoque une crise politique sans précédent en Belgique en refusant de faire voter la loi sur l'avortement. D'une manière détournée juridiquement, il a été déterminé que le roi était en "incapacité réelle de gouverner" pendant deux jours, permettant au Conseil des ministres d'adopter la loi.

30 ans plus tard, toujours la même émotion

En signe d'appréciation pour les réalisations et le caractère de son oncle, le roi Philippe a rendu hommage à Baudouin dans son discours du 21 juillet de cette année. "Ceux qui l'ont connu se souviendront de son sourire, de son regard et de sa poignée de main confiante", a déclaré le monarque belge. Il a parlé de Baudouin comme "d'un exemple pour beaucoup". À l'occasion du trentième anniversaire de la mort du roi, la crypte royale sera exceptionnellement ouverte le lundi entre 14h et 17h.

Sa mort est également commémorée à Motril. Une eucharistie sera célébrée dimanche dans l'église de la ville espagnole par l'archevêque de Grenade. Un mémorial au Roi Baudouin sera inauguré lundi dans la résidence où Baudouin et Fabiola ont passé leurs vacances d'été.

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