
5 minutes dans la peau d'une femme : la terrible immersion dans le harcèlement de rue

Les rideaux s'ouvrent, comme une invitation à entre en enfer. A pénétrer dans ce que notre monde enferme de plus infâme. Dans l'obscurité la plus totale, douze hommes apparaissent. Ils sont de tout âge, de tout genre. "Mmm... Mais elle est bonne celle-là. Regarde-là... Putain la salope. Quand je rentre, je vais encore pouvoir bien m'astiquer !", s'exclame l'un d'eux. En avançant, un autre nous interpelle : "Si je me mets comme ça, je vais pouvoir mâter ses seins..." "Eh madame, viens ici. Viens ci ! Tu sens ma main ??"
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Toutes ces phrases sont tirées de faits réels.
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L'ambiance est malsaine. Angoissante. Insupportable. Cinq minutes de supplice, avant la libération. Un cri du coeur retentit : "Je suis ta soeur. Je suis ta cousine. Je suis ta mère. Je suis ta tante. Je suis ta meuf."
À la sortie de cette expérience immersive, la première visiteuse confie : "Ça donne la gerbe. C'est fou de se retrouver dans cette situation. En fait, c'est notre quotidien. On ne s'en rend parfois plus compte. Mais ce genre d'expériences, on en a déjà toutes subies. Dans le métro, un homme est venu se frotter à moi. Pour des amies, ça a été plus loin... C'est clair, je suis choquée... Ca renvoie à une réalité que l'on subit. Nous ne sommes pas libre de vivre comme nous le souhaitons."
Le harcèlement de rue reste l'un des fléaux de notre monde. En Belgique, 95% des femmes ont déjà été confrontées à ce genre de situations. "On hésite à mettre des robes. On modifie nos itinéraires. C'est terrible...", confie l'une d'elles.
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Actuellement à Huy, cette initiative est née de la tête de deux hommes. Gilles de Boncourt et Frédéric Durieu voulaient trouver une nouvelle approche pour sensibiliser la gent masculine sur cette problématique. "Le harcèlement, c'est un problème d'hommes. C'est à nous de le prendre en main. C'est évidemment bien que les féministes soient actives sur la question, mais il est nécessaire que l'on se parle entre nous. Lorsque l'on est homme, on ne peut pas se rendre compte de que vivent les femmes au quotidien. Cette immersion de cinq minutes permet de mieux saisir la force des paroles et des gestes. On se sent oppressés... Et bien souvent, lorsque des jeunes y vont, ils en ressortent bouleversés. Nombreux jeunes garçons ne se rendaient pas compte de l'impact de leur comportement."
Un outil didactique et coup de poing à retrouver tout le mois de septembre à l'espace Saint-Mengold à Huy. L'immersion se rendra en fin d'ici la fin d'année à Namur et Charleroi.