Nos politiques ont-ils trop de vacances?

Si leurs vacances ne riment pas toujours avec inactivité, la longueur des congés des parlementaires soulève quelques questions.

Chambre des représentants
La Chambre des représentants du Parlement belge, le 17 mars 2020 ©BelgaImage

Depuis une semaine, l'heure de la rentrée a sonné du côté des écoles mais, du côté des parlementaires, les vacances, commencées à la mi-juillet, ne sont parfois pas finies. Si les députés wallons et de la FWB reprendront leurs sièges dès cette semaine (mardi pour les premiers, mercredi pour les seconds), ceux bruxellois et fédéraux pourront étendre leurs congés jusqu'au 17 et 20 septembre respectivement, voire jusqu'au 24 en Flandre. Au total, cela représente jusqu'à 65 jours de congé, soir plus de neuf semaines, pour les élus les plus chanceux. Une belle durée, surtout quand on sait que les Belges bénéficient en moyenne de 34 jours par an. Est-ce trop? La question fait débat.

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Des vacances... qui ont déjà été raccourcies

Pour être exact, la durée des vacances parlementaires d'été s'étend d'un minimum de sept semaines pour la FWB jusqu'à neuf semaines et deux jours en Flandre. Entre les deux, on trouve par ordre croissant le Parlement wallon (7 semaines et 4 jours), celui bruxellois (8 semaines et 2 jours) et enfin celui fédéral (8 semaines et 5 jours).

En théorie, le Parlement fédéral pourrait même étendre ses congés jusqu'au deuxième mardi d’octobre. C'est du moins ce que permet la Constitution. C'était d'ailleurs le cas avant. Mais suite à la pression de certains partis comme Ecolo, le début de la session parlementaire a été avancée au troisième jeudi de septembre depuis quelques années.

Une vie parlementaire trop paralysée?

Est-ce que malgré cet ajustement, ces vacances restent trop longues? Interrogé par le Vif, le politologue de l'UGent Carl Devos estime que oui. "Ces longues vacances parlementaires ne contribuent pas à restaurer la confiance du citoyen dans la politique", déclare-t-il, même s'il rappelle que la plupart des députés restent actifs durant leurs congés. Ils ont souvent des journées de groupe, des travaux d'étude sur des proposition de loi, des spécialisations, des formations, des visites, des entretiens, etc. De même, les ministres restent joignables en cas d'urgence et peuvent déléguer des compétences. "Tout comme les enseignants n’ont pas deux vrais mois de vacances, les hommes politiques n’ont pas une coupure aussi longue que la durée officielle".

Reste que la pause estivale n'est pas sans effet sur la vie parlementaire. En Flandre, où les congés sont les plus longs, cela agace certains élus. C'est le cas du député de l'Open VLD, Maurits Vande Reyde, qui a envoyé en juillet une lettre à ce sujet à la présidente du Parlement, Liesbeth Homans (N-VA). Il y rappelle que cela nuit à l'adoption d'articles sur des dossiers pourtant très chauds (la réforme de la protection sociale, les tests de néerlandais pour les processus d'intégration,  etc.).

Tout cela a "un impact considérable", fait-il valoir. "En tant que représentants du peuple, nous devons prendre nos responsabilités pendant les mois d'été. Attendre septembre n’est pas une option". Il propose en ce sens de préserver une activité parlementaire limitée en été, par exemple pour organiser des auditions permettant ainsi d'avancer sur des dossiers, éventuellement à distance et non en présentiel.

À noter toutefois que quelques réunions peuvent quand même avoir lieu pendant les congés, même si cela reste une exception. Des réunions préparatoires de groupes politiques ont ainsi lieu au fédéral. Des propositions d'ordonnance et des questions parlementaires peuvent également être soumises, comme au parlement bruxellois. Enfin, en Flandre, une commission Économie a été programmée en août pour aborder l'annulation d'un permis environnemental à Anvers, celui de la société chimique Ineos.

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