Journée mondiale de prévention du suicide : "De plus en plus de jeunes nous contactent, parfois des enfants"

Ce dimanche, c’est la journée mondiale de prévention du suicide. Et chez nous, les chiffres sont plus qu’interpellant. Si les appels ne font qu’augmenter, les jeunes semblent être les plus touchés.

Prévention suicide
© Unsplash

En Europe, la Belgique est dans le triste top 5 des pays les plus touchés par le suicide. On estime qu’il y aurait, approximativement six décès par suicide par jour en Belgique. Et une tranche de la population y semble beaucoup plus sujette.

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En effet, selon l’Institut de Santé publique, Sciensano, les jeunes sont les plus touchés par le suicide. Dans la tranche des 15 à 24 ans, plus d’un décès sur quatre est dû à un suicide nous apprend-on. Alors face à ce drame, le centre de prévention du suicide a lancé une campagne : « Avant le drame ».

« Vital de rappeler que des ressources existent »

“Nous constations que les personnes, individuellement, les familles, mais aussi les collectivités, les écoles, ou autre, se sentent complètement démunies et surtout n’anticipent pas le fait qu’une tentative ou un suicide puisse avoir lieu. Et lorsqu’elles sont face à la situation, parfois, elles ne voient pas que leur ado ou leur enfant va mal et donc elles se sentent démunies “ note Dominique Nothomb, directrice du centre de prévention suicide, auprès de nos collègues de BX1.

Dans cette idée, "il est vital de rappeler que le suicide peut être prévenu et que des ressources existent. Ce message doit particulièrement être transmis aux jeunes, avec l'importance du dialogue et de la possibilité d'obtenir de l'aide à temps", mettent en avant les initiateurs de la campagne, « Avant le drame ».

Car depuis 2020, le nombre d’appels au centre de prévention du Suicide ne fait qu’augmenter. On en comptait environ 12 000 en 2019. Suite à la crise du Covid, ce nombre a déjà augmenté plus que sensiblement. En 2020, on estimait les appels passés au Centre à 19 000, soit une augmentation de près de 50%. Et la situation ne fait qu’empirer. L’an dernier, on comptabilisait 23 000 appels, soit près du double qu’en 2019 !

Pour cette année, « nous sommes de nouveau face à un pic de demandes qui entraîne un fonctionnement à plein régime" note le Centre de Prévention du Suicide.

Soutenir les jeunes

Et parmi les plus touchés : les jeunes. « Ces derniers temps, le téléphone n’arrête pas de sonner" confirme Hortense (prénom d’emprunt), bénévole sur la ligne d’écoute auprès de la RTBF. "Depuis le covid, la guerre en Ukraine, les problèmes d’énergie, dès que je raccroche, un appel suit directement".

Mais ce qui l’inquiète plus, c’est que les interlocuteurs au bout du fil sont de plus en plus jeunes. Et les chiffres le confirment : environ 1 décès sur 4 auprès des 15-24 ans est un suicide.

« Les appels provenant de jeunes sont très difficiles. Ça résonne en moi car je suis une maman. Se dire qu’il peut déjà y avoir autant de détresse chez un jeune à 12 ans… Pour démarrer sa vie et se construire, ce n’est pas facile s’il vit déjà tout ça si tôt" relate Hortense qui fait face du mieux qu’elle peut.

Une situation que semble confirmer Dominique Nothomb. "Ce sont parfois des enfants. Nous voyons plus de jeunes en consultation qu’auparavant. Nous avons aussi davantage de très jeunes qui s’adressent à nous depuis la ligne d’écoute anonyme. C’est vraiment depuis le covid. Ce sont des situations dramatiques. La souffrance est intense. Ce qui nous préoccupe vraiment, c’est l’état de la santé mentale des jeunes actuellement" décrit-elle.

Libérer la parole

Dans ce cadre, il parait primordial pour Dominique Nothomb que le tabou qui entoure le suicide et celui des jeunes de surcroit. Avec sa campagne « Avant le drame », le centre de prévention du suicide entend vraiment toucher les jeunes et leur fournir un maximum de ressources.

 « Ce qui nous importe aujourd'hui vraiment c'est de porter un message aux jeunes. C'est de leur dire écoutez si vraiment vous êtes traversé par des idéations suicidaires ne restez pas seuls. Brisons le tabou ! Osez demander des ressources. Elles existent. Il ne faut jamais hésiter à former ce numéro le 0 832 123 que l'on ait des pensées suicidaires ou que l'on soit inquiet pour un proche quelqu'un décrochera quel que soit le jour et qu'elle que soit l'heure » rappelle Dominique Nothomb.

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