Qu'est-ce que cette "boule de feu" qui a traversé le ciel wallon?

Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant cet étrange phénomène au-dessus de l'agglomération carolorégienne. Un effet lumineux qui ne serait toutefois pas si mystérieux.

Avion à Gilly
Le phénomène lumineux dans le ciel de Gilly, le 14 septembre 2023 ©Capture d’écran Facebook

Ce jeudi soir, les habitants de Gilly ont eu une drôle de surprise. En début de soirée, entre 21h30 et 22h30, ils ont pu voir passer dans le ciel une sorte de boule de feu. Non, il ne s'agissait pas d'une étoile filante, ni d'un météore, ni d'une comète la vitesse de cet objet ne correspondant clairement pas à ce qui s'est produit hier. Il s'agit donc vraisemblablement d'un phénomène d'origine humaine. La question, c'est de savoir quoi exactement. Mais a priori, cette étrange anomalie au-dessus de la tête des Gilliciens s'explique facilement.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Un simple avion?

Interrogée par La Libre et la DH, la Fédération Francophone d'Astronomes Amateurs de Belgique (FFAAB) évoque d'abord la piste de l'entrée dans l'atmosphère d'un satellite, mais ne l'écarter car aucun objet de ce genre n'aurait dû se trouver là à ce moment-là. L'organisation privilégie donc une autre possibilité: la traînée de condensation d'un avion (ou "contrail"). Ce n'est pas improbable, d'autant plus que l'aéroport de Charleroi se trouve à près de 5 km de là à vol d'oiseau.

Mais comment ce "contrail" a-t-il pu prendre cette allure impressionnante? A priori, cela est lié à un jeu de lumière très spécifique, le soleil se couchant à ce moment-là. S'il faisait déjà plus ou moins noir depuis peu, l'avion pouvait être suffisamment haut pour profiter des derniers instants de ce que l'on appelle le "crépuscule astronomique", autrement dit des derniers rayons du soleil.

Ce ne serait pas la première fois que ce genre de phénomène se produit. En février 2021, en Suisse, de larges traînées rouges étaient apparues dans le ciel du Jura, ce qui n'a pas manqué d'interpeler les habitants du coin. "La couleur rouge, particulièrement vive sur les photos, vient de l’effet du soleil couchant. Les rayons rasants de ce dernier traversent une distance plus importante de l’atmosphère, ne laissant ainsi plus que de la lumière rouge arriver", avait alors expliqué Skyguide, la société qui surveille l’espace aérien suisse, au média local Arcinfo.

Autre exemple inhabituel de contrail lié à la position du soleil : en 2019, un photographe avait immortalisé la traînée laissée par un avion au-dessus de Brisbane, en Australie. Celle-ci avait alors pris une couleur arc-en-ciel. Vu les configurations météorologiques et atmosphériques à cet endroit et à ce moment précis, le contrail s'est comme paré des couleurs LGBTQIA+, pendant un bref instant.

Les contrails, nos ennemis?

Si maintenant la théorie de la FFAAB doit maintenant être confirmée, cette hypothèse remet sur le devant de la scène les contrails. Ce phénomène bien connu se produit lorsque, en fonction de conditions atmosphériques complexes, la vapeur d'eau se condense au passage de l'avion à la sortie des moteurs et en bout d'ailes, une fois une certaine altitude passée. En d'autres termes, les avions créent de fait des nuages, dont la longévité peut être de plusieurs longues heures.

Ces "proto-nuages" font l'objet depuis de nombreuses années de théories conspirationnistes selon lesquelles ces traînées contiendraient des substances chimiques (d'où le surnom de "chemtrails donné par les complotistes concernés) destinées à déclencher des maladies, des problèmes respiratoires ou encore à tuer toute une partie de la population (c'est selon).

Si ces théories doivent être régulièrement contredites, des organisations comme Greenpeace alertent sur l'impact (bien réel) des contrails non pas sur la santé humaine mais sur le climat. Ces traînées forment en effet des couches nuageuses en haute altitude (des "cirrus" pour être précis) qui bloquent le rayonnement terrestre. Autrement dit, elles créent comme un couvercle qui fait augmenter la température. Greenpeace affirme que cet effet est souvent oublié par les compagnies aériennes dans leurs bilans carbone. "Pour obtenir la contribution historique réelle du secteur aérien au réchauffement climatique, il faudrait multiplier par un facteur 3 les seules émissions de CO2", affirme l'organisation sur base d'une étude de 2021.

Il serait donc intéressant de limiter au maximum ces contrails, qui peuvent être très nombreux dans les régions avec de gros aéroports (comme à Atlanta, en Géorgie, où se trouve l'aéroport le plus important au monde en termes de passagers). Une piste qui pourrait nécessiter de recalibrer l'altitude et les trajectoires des avions. Les moteurs à hydrogène, destinés à remplacer le kérosène, ne devraient pas se généraliser avant de nombreuses années.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité