
Comment expliquer l’invitation de Tom Van Grieken (Vlaams Belang) aux Fêtes de Wallonie ?

«En route pour la cérémonie officielle de la fête de la Wallonie. Même lorsque la Flandre sera indépendante, nous devrons entretenir des relations correctes avec nos voisins wallons», commentait samedi sur X (ex-Twitter) Tom Van Grieken, en exhibant «fièrement» son carton d’invitation.
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Le genre d’invitation envoyée en espérant que l’hôte fera faux bond. Sauf que le président du Vlaams Belang est bel et bien venu. Samedi soir, il figurait parmi les 500 conviés à la cérémonie officielle des Fêtes de Wallonie, au Théâtre Royal de Namur.
Dans la sphère politique wallonne, l’invitation du leader de l’extrême-droite flamande a largement suscité le malaise. «Cela ne peut plus se produire», a notamment épinglé Paul Magnette, président du PS.
«Les valeurs de liberté et de fraternité, d’accueil et d’ouverture, sont au cœur des fêtes de Wallonie. Les ennemis de la démocratie n’y ont évidemment pas leur place», a aussi commenté Stéphane Hazée, chef de groupe Ecolo au Parlement de Wallonie.
Fêtes de Wallonie. C'est important de fêter son histoire, sa culture, ses traditions. J'ai été ébahi que Tom Van Grieken ait été invité. L'extreme droite ne doit pas être invitée.
— Paul Magnette (@PaulMagnette) September 17, 2023
La présence totalement inopportune d un sinistre individu doit être l'occasion de rappeler notre attachement commun au cordon sanitaire et à la Charte de la démocratie.
— Stéphane Hazée (@Steph_le_vert) September 17, 2023
Faire une exception au protocole
Dans Le Soir, André Frédéric (PS), président du parlement wallon a justifié : «La présence de ce monsieur ne m’amuse absolument pas, c’est un problème. J’aurais préféré qu’il ne soit pas là. Je préférerais aussi qu’il ne soit pas au Bureau de la Chambre, mais ce n’est pas de ma responsabilité».
C’est en effet en raison de sa qualité de membre du Bureau de la Chambre (il en est vice-président) que Tom Van Grieken était présent à la cérémonie des «Wallos». Traditionnellement, tous les bureaux des assemblées législatives sont invités à la cérémonie.
«Il ne m’appartient pas, me semble-t-il, de faire la police parmi les invités figurant au protocole : celui-ci me plaît, celui-ci ne me plaît pas… », ajoutait André Frédéric.
Mais alors, que s’est-il passé les années précédentes, puisque la venue aux «Wallos» de Tom Van Grieken cette année était une première ? Le Soir fait état de sources expliquant que les organisateurs se débrouillaient pour que le carton d’invitation ne lui parvienne pas : «Il y a le protocole et les adaptations qu’on peut y faire selon les circonstances. Une enveloppe, cela peut se perdre», peut-on lire dans le quotidien.
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Quid du cordon sanitaire ?
À l’instar d’Olivier Biérin (vice-président du Parlement Wallon, Ecolo), d’aucuns estiment que les services du Parlement auraient pu faire une exception au protocole, en invoquant le principe du corton sanitaire.
À noter que la charte de la démocratie, et le cordon sanitaire qui en découle (en 2022, les partis francophones ont décidé de mettre à jour la charte), interdissent aux partis démocratiques de conclure des accords et de débattre (au sud du pays) avec l’extrême-droite.
Inviter et côtoyer un élu du Vlaams Belang à une cérémonie officielle ne semble donc, stricto sensu, pas de nature à rompre le cordon sanitaire. Même si politiquement, cela paraît plus délicat à faire valoir…
"Comment accepter qu'il rend hommage à François Bovesse?"
«Le Président du Parlement se doit d'être le garant du respect de la démocratie et du barrage contre l'extrême droite», a ainsi soutenu la FGTB (propos relayés par l’Avenir). Comment accepter qu'il rend hommage à François Bovesse, fondateur des Fêtes de Wallonie, résistant assassiné par les rexistes, devant un néo-fasciste reconnu ?».
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«La Wallonie est une terre d'accueil, une terre de solidarité. Les idées d'extrême droite n'y ont pas leur place. Leurs représentants non plus. On ne discute pas, on ne festoie pas avec l'extrême droite, on la combat !», a tancé le syndicat socialiste, qui a prévenu qu’il boycotterait les prochaines cérémonies en l’absence de disposition empêchant l’extrême-droite d’y être présente.