
Contrat d’énergie «verte»: pourquoi ma facture fluctue en fonction… du gaz et du charbon ?

Rarement nous aurons suivi de si près l’évolution du cours du charbon et du gaz naturel sur les marchés… Et pour cause, pour peu que nous ayons signé un contrat variable chez notre fournisseur d’énergie, notre facture dépend en bonne partie de ces fluctuations. Y compris, d’ailleurs, pour ceux ayant choisi un contrat «vert» dans le but de consommer de l’énergie renouvelable. Au moment d’allumer son interrupteur, finalement, personne ne sait si la lumière qui en sort a été produite grâce aux éoliennes de la mer du Nord ou à des énergies fossiles.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Professeur en sciences et gestion de l'environnement à l’ULB, Michel Huart rappelle que l’électricité est un produit fongible, comme l’eau. L’électricité conçue par l’ensemble des producteurs d’énergie d’un pays ou d’un continent se retrouve donc mélangée dans le même réseau de distribution, qu’importe qu’elle provienne de centrales nucléaires ou de panneaux photovoltaïques. «On ne connaît pas l’origine de l’électron qu’on utilise. Cependant, pour déterminer cette origine de manière parallèle, il existe des labels de garantie». Quand un ménage signe un contrat d’énergie «verte» chez son fournisseur, celui-ci s’engage donc à acheter l’équivalent de sa consommation à un producteur d’énergie renouvelable, qu’il se trouve en Belgique ou au Danemark. «Quand on achète de l’électricité verte, on achète surtout l’électricité d’un mix avec une étiquette verte», résume le professeur. «Il ne faut pas être dupe, cela ne correspond pas à une production directe et locale».
Faire pression sur les marchés
Là où les contrats d’énergie «verte» agissent directement par contre, c’est en faisant pression sur les marchés pour produire plus d’électricité issue du renouvelable: plus les consommateurs seront nombreux à signer ce genre de contrat, plus les besoins en énergie « verte » augmenteront. « C’est une manière de soutenir le développement du renouvelable », confirme Michel Huart. Et à terme, cela pourra avoir un vrai impact positif sur nos factures.
Plus il y aura d’énergie issue du renouvelable dans le réseau, moins nous aurons à nous préoccuper du cours du charbon et du gaz sur les marchés mondiaux, explique le professeur. «Le renouvelable permet de mettre à disposition de l’électricité à moindre coût sur le marché. Une plus grande présence de ce type d’énergie permet donc de rendre le prix moins volatil aux influences internationale ». Exploiter l’énergie du vent, du soleil et de l’eau de manière locale est un investissement au départ, mais présente ensuite un réel atout écologique et financier. «Il faut bâtir une société qui s’épanouit en fonction de ce qu’elle a à disposition, non pas qui dépend d’approvisionnement énergétique lointain et dangereux », conclu Michel Huart.