
Investissement: comment trouver les bons conseils

Depuis la pandémie, nos certitudes ont dévalué et, plus que jamais, l’inquiétude de faire des mauvais choix d’investissements nous a envahis. Bon nombre de Belges préfèrent donc se tourner vers des professionnels de l’évaluation des risques. Aujourd’hui chef de la stratégie d’investissement chez Belfius, Nicolas Deltour est l’un de ceux-là. “On peut déjà investir 5.000 euros”, assure-t-il. Et même, avec la tête sur les épaules et un peu de flair, espérer un beau rendement. Mais qu’est-ce qui garantit que les conseillers en investissements vous veulent vraiment du bien et ne sont pas influencés par des intérêts divers? La relation client-conseiller, insiste Nicolas Deltour, est avant tout une relation de confiance. Si vous ne “sentez” pas votre conseiller, mieux vaut donc en choisir un autre.
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Sauf qu’en tant qu’investisseur, vous avez besoin de garanties et pas juste un beau discours sur la confiance. L’autorité des marchés et des services financiers, la FSMA, se charge de les apporter. Il existe plusieurs types de conseillers. Certains exercent dans des établissements de crédit, d’autres dans des entreprises d’assurances. Il y a des indépendants qui n’ont pas plus intérêt à vous vendre un fonds plutôt qu’un autre et des intermédiaires qui travaillent davantage avec une compagnie en particulier, avec une moins bonne vue d’ensemble. “Dans tous les cas, pour fournir un conseil, il faut disposer d’un agrément ou d’une inscription auprès de la FSMA ou de la BNB. Le conseiller doit disposer d’un niveau de connaissances déterminé et d’une expérience suffisante, mais également d’une honorabilité adéquate. La FSMA veille au respect de ces législations en menant des inspections”, explique le porte-parole adjoint de la FSMA, Mathieu Saudoyer.
Le cœur et la raison
Ces règles sont régies par les directives européennes sur les marchés d’instruments financiers baptisées MiFID et MiFID II. Leur but est de protéger les investisseurs et l’intégrité des marchés. “Un conseiller doit écouter le client et lui expliquer les risques avec transparence”, synthétise Nicolas Deltour. Il distingue trois aspects à son métier. Premièrement, évaluer le profil de risque des clients et leurs objectifs financiers. Deuxièmement, les interroger sur leurs affinités sociétales, car “de plus en plus d’investisseurs réclament des produits durables, socialement responsables, qui participent au développement du bien-être ou de la santé, de la lutte contre le réchauffement climatique”. Cela demande un effort de transparence sur la composition des fonds. “Il y a dix ans, ce qui comptait vraiment était le rendement. Aujourd’hui, de nouveaux métiers se sont donc créés. Les analystes financiers travaillent en binôme avec des analystes durabilité.”

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Troisièmement, le conseiller éclaire le client sur ce qu’il peut faire de ce placement de façon proactive, au-delà de la récupération de son rendement en bout de course. “Une fois qu’on a des actions, on peut peser dans les entreprises dans lesquelles on a des parts. C’est compliqué à titre individuel, mais à travers nos fonds et notre force de frappe collective, on nous écoute, y compris dans de grandes entreprises américaines.” Hormis les missions citées par Nicolas Deltour, MiFID et MiFID II veillent à ce que les conseillers ne cèdent pas à d’éventuels conflits d’intérêts. La FSMA s’assure en outre, poursuit Mathieu Saudoyer, qu’ils participent à des formations en continu, ce que l’Autorité nomme des “recyclages”, pour que leurs connaissances restent à jour.
Conseillers contre robots
Les choses se compliquent lorsque les conseillers sortent de l’équation ou se mettent en retrait. C’est le cas avec les “robots investisseurs”. Ces algorithmes donnent des recommandations automatisées sur base de l’histoire de la finance. La FSMA ne s’oppose pas à l’innovation, réagit Mathieu Saudoyer, à condition que les règles MiFID et MiFID II soient respectées. “La protection des clients est primordiale. Les algorithmes ne doivent pas empêcher le fait de ne donner accès qu’à des produits adaptés au client. Mais un consommateur peut parfois se rendre sur une plateforme d’investissements, sans qu’il soit alors nécessairement question de conseil.”
Il y a quelques mois, Test Achats a examiné neuf formules de “robo-advisors” belges sur la base de la performance, du coût, de la transparence et de la simplicité d’utilisation. Easyvest a atteint la première marche du podium. “Notre objectif est d’aider les Belges à construire simplement des investissements et des plans de pension. Pour cela, le consommateur doit pouvoir faire les choses soi-même depuis une plateforme digitale. Parfois, lors d’un petit souci ou d’une question, il aime avoir un contact avec un vrai humain. C’est ce que nous proposons: la flexibilité du digital unie à la compétence d’un expert”, résume le cofondateur de la boîte Matthieu Remy. Le concept est basé sur une conviction: aucun humain ne peut battre les marchés. “On croit à une diversification vaste. L’algorithme est programmé par notre équipe. On sait ce qu’il fait. Il assure un rééquilibrage du portefeuille. En fait, on a automatisé diverses étapes, notamment administratives. Cela permet de réduire les frais.”
La plupart des banques traditionnelles et de nombreuses fintechs travaillent également sur des robots de ce type. On peut dès lors s’interroger: les conseillers humains finiront-ils par disparaître et cela sera-t-il dans l’intérêt des consommateurs? Nicolas Deltour répond: “On vit des choses inédites. Donald Trump, le Covid… n’étaient pas “factorisables”. Les algorithmes ont plus de mal à appréhender cela. La finance, ce n’est pas que des statistiques, c’est aussi de l’émotionnel. Le facteur humain reste prédominant pour un bon moment, mais c’est bien que des robots existent. Il en faut pour tous les goûts.”