
Ahmed Laaouej: «Des gens profitent de l’inflation pour s’en mettre plein les poches»

Ce n’est un secret pour personne. Depuis maintenant plusieurs semaines, les prix à la pompe ne cessent de flamber un peu plus chaque jour. Aujourd’hui, le PS dévoile treize mesures sur la table du gouvernement fédéral pour endiguer le phénomène. Pour les communiquer, le parti socialiste est passé par le biais de la presse…avant de les communiquer au gouvernement fédéral.
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"Il y a urgence de se saisir de la question sociale"
"Pourquoi? Parce qu’il est important de saisir, l’urgence sociale. Les Belges n’en peuvent plus et n’arrivent pas à boucler les fins de mois. Le PS est une force de propositions, nous indiquons, au gouvernement, qu’il y a urgence de se saisir de la question sociale. Il faut pouvoir l’entendre, ces propositions sont évidemment à débattre, explique Ahmed Laaouej. On demande au gouvernement de venir avec un vrai projet de bouclier social. C’est ce que le PS met sur la table avec 13 propositions concrètes.
Les libéraux estiment que le parti de gauche fait cavalier seul. "C’est gonflé, dit-il. Quand je vois la frénésie médiatique de certains, je pense qu’on n’a pas de leçon à recevoir. Mais ce qui est important, c’est de voir les propositions concrètes qui sont mises sur la table. L’augmentation du salaire minimum, l’élargissement du tarif social au niveau de l’énergie, une baisse de l’impôt sur le revenu et une série d’autres mesures notamment pour faire en sorte qu’on puisse dégager des moyens."
Blocage des prix
Mais il y a une volonté de rendre plus durable certaines mesures comme la TVA à 6% sur le gaz et l’électricité. Ces mesures suffisent-elles? "Nous souhaitons que cette baisse soit structurelle et qu’elle soit définitive. Mais cela ne suffit pas, il faut aller plus loin, explique Ahmed Laaouej. Il faut avoir un système de blocage des prix. Toutes ces augmentations de prix ne s’expliquent pas des éléments inhérents au marché. Ça veut dire qu’il y a des gens qui profitent de la situation aujourd’hui. En plus de ces 13 propositions, nous demandons un blocage des prix sur le carburant et sur les denrées alimentaires."
"Le marché dysfonctionne et parfois même par nature"
Comment faire pour réguler le marché? "On veut comprendre pourquoi les prix augmentent à la pompe et dans les supermarchés. Je le répète: tout ne s’explique pas parce qu’il y a un problème d’offre et de demande ou en raison d’une pénurie, confie Ahmed Laaouej. Il y a des spéculateurs et des gens qui profitent de l’augmentation des prix pour s’en mettre plein la poche. Ceux-là doivent être identifiés. Et si c’est nécessaire, bloquer les prix. Le marché dysfonctionne et parfois même par nature."
Des mesures coûteuses
Toutes ces mesures ont évidemment un coût. Elles devraient coûter entre 6 et 7 milliards d’euros. Le PS envisage de taxer les plus grosses fortunes. "Si on a peur que les grosses fortunes s’en aillent de la Belgique? Cela ne s’est pas vérifié dans les pays où il y au des contributions sur les grands patrimoines, rétorque Ahmed Laaouej. Il y a des pays où cela fonctionne très bien et ça rapporte plusieurs milliards. En Belgique, on mettrait à contribution moins de 1% des ménages pour pouvoir aider plus de la moitié de la population qui est aujourd’hui en souffrance sociale."
Après les critiques de la droite, Ahmed Laaouej avait envie d’adresser un message. "Que la droite ne soit pas contente que le PS dépose des mesures sociales, il y a, au fond, quelque chose de rassurant. On ne s’attend pas de voir la droite se réjouir de telles mesures. Mais ce que je dis au MR en particulier c’est qu’on ne peut pas prétendre défendre les classes moyennes et en même temps refuser de voir que ces classes moyennes soient en souffrance. Il faut prendre le taureau par les cornes."
"Le gouvernement de Monsieur De Croo doit prendre ses responsabilités"
La Vivaldi, est-elle ingouvernable? . "Nous soutenons le gouvernement mais, en même temps, c’est notre rôle de dire qu’il y a des dossiers qui méritent qu’on s’en occupe avec une certaine urgence. Soutenir le pouvoir d’achat des ménages, c’est aussi soutenir l’économie. Le gouvernement de Monsieur De Croo doit prendre ses responsabilités", note Ahmed Laaouej.
Des choses "à faire" pour lutter contre la criminalité financière
Ces derniers temps, on parle de plus en plus d’une réforme fiscale qui arriverait dans les prochaines semaines. "On est tout à fait prêt à discuter d’une telle réforme, glisse le chef de groupe du PS à la Chambre. Il faut une réforme fiscale juste. Pour avoir une réforme fiscale juste, il faut faire en sorte que chaque mesure aboutisse à une redistribution des revenus. Et puis, il faut que cette réforme fiscale soit compensée budgétairement. Il faut donc aller chercher l’argent là où il se trouve. C’est-à-dire, chez les spéculateurs et les fraudeurs. Il y a certainement des choses à faire en matière de lutte contre la criminalité financière. On a les plus hauts magistrats du pays, les plus hauts fonctionnaires de police du pays qui nous disent: "On n’a pas les moyens de lutter contre la criminalité financière." Ce sont pourtant des dizaines de milliards d’euros qui sont aujourd’hui récupérables mais qu’ils ne sont pas faute de moyens. Là, il y a des choses à faire. Cela fait des mois que nous demandons à la ministre de l’Intérieur et de la justice de s’activer. On attend maintenant des résultats, on a assez tergiversé. Cet argent qui est sale, on doit pouvoir le confisquer pour pouvoir refinancer nos services publics et nos soins de santé."
"Il faut rétablir les services centraux"
Ahmed Laaouej reconnaît tout de même un certain effort des ministres. "Mais ils ne font pas assez. On veut qu’ils s’activent et que les procureurs viennent avec des choses très concrètes. Il faut rétablir les services centraux. On doit également faire en sorte d’avoir assez de magistrats et de policiers. Il faut clairement mettre le paquet."