
Crise énergétique : quand s'arrêtera la hausse des prix du gaz?

Au cours des derniers mois, de nombreux pays européens dépendant du gaz russe ont constitué des stocks d’énergie en prévision de l’hiver. Cette frénésie d’achat a été l’une des causes de la hausse du prix du gaz cet été, qui a dépassé les 300 euros le mégawattheure. Aujourd’hui, la destruction de la demande contribue à faire baisser des prix : « Beaucoup d’entreprises ferment et décident de ne pas consommer à des prix élevés », explique Damien Ernst.
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En effet, la consommation globale de gaz en Europe a diminué de plus de 10% entre janvier et août par rapport à la même période en 2021, une baisse "record" tirée par un recul de 15% dans le secteur industriel alors que des usines ont dû réduire leur production face à cette flambée des prix, a expliqué l’Agence internationale de l’énergie à l’AFP.
Les prix pourraient toutefois augmenter à nouveau : « Les prix du gaz pour les prochains mois vont être déterminés par les températures », ajoute Damien Ersnt. « Malgré une destruction de la demande, une augmentation conséquente de la demande en chauffage ferait augmenter les prix à nouveau ». En cas d’hiver très froid, les stocks de gaz pourraient s’avérer insuffisants et des achats de panique pourraient faire grimper les prix à nouveau.»
L’Agence internationale de l’énergie met également en garde l'Europe sur les conséquences, dès cet hiver et l'année prochaine, d'une éventuelle coupure totale du gaz russe.
Et après ?
Les prévisions sur les marchés à terme (marchés où les producteurs achètent, vendent et négocient les prix de l’énergie pour plusieurs mois à l’avance) ne sont pas réjouissantes.
« Le prix du gaz y est très élevé pour encore longtemps. En novembre 2023, le prix du gaz est à 172,5 euros. Il n’y a quasiment pas de diminution », ajoute Damien Ernst. Et toujours selon les prix du marché, il n’y aura pas d’amélioration avant…2024 : « Les prix redescendent à 114 euros, ce qui est toujours cinq fois plus cher que les prix connus avant la crise ».
Les prix pourront toutefois encore changer en fonction de la situation en Ukraine et de l’offre et de la demande. Les perspectives des marchés du gaz restent toutefois « sombres », selon le directeur de l’AIE pour les marchés de l'énergie et la sécurité, Keisuke Sadamori : « Notamment en raison de l'attitude imprudente et imprévisible de la Russie, qui a ébranlé sa réputation de fournisseur fiable. Tous les signes indiquent que les marchés resteront très tendus en 2023 », indique-t-il à l’AFP.
Un plafonnement des prix du gaz ?
Quinze Etats membres européens, dont la Belgique, souhaitent que la Commission européenne soumette une proposition visant à instaurer un plafonnement du prix du gaz. Une proposition qui déplaît à l’Allemagne et à la Commission européenne qui craignent une pénurie de gaz en Europe si aucun exportateur n’accepte de vendre aux prix imposés par l’UE. La Commission préfère engager des négociations pour limiter les prix des importations en provenance des fournisseurs de confiance tels que la Norvège ou les Etats-Unis et plafonner le prix du gaz russe uniquement. Les ministres de l’Énergie européens se réuniront une nouvelle fois les 11 et 12 octobre afin de discuter de la question.