Ces cafés qui prennent des mesures contre les télétravailleurs

Véritables repaires des télétravailleurs branchés, les cafés sont de plus en plus pris d’assaut. Et face à quelques dérives, certains établissements décident de sévir.

travailler dans un café, de plus en plus compliqué
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Arriver dans un café en début d’après-midi, ordinateur et chargeur sous le bras, et quitter l’endroit quelques heures après, est devenu une habitude presque quotidienne pour de nombreux travailleurs.

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Mais ces derniers temps, à l’aune de la crise énergétique, cette pratique devient de moins en moins tolérable pour les établissements pour qui ces tables longuement occupées consommant généralement peu représentent finalement de véritables manques à gagner.

Dans un reportage réalisé par la RTBF on découvre qu’un café bruxellois, le Jat Café, a décidé de prendre des mesures face à la problématique.

Plusieurs parades mises en place

La première stratégie que le café a mis en place saute aux oreilles assez rapidement en franchissant la porte d’entrée. "C’est vrai qu’on aime la musique forte", explique le patron. "Ça ennuie un peu les gens, mais cela fait partie de la parade".

Cependant, force est de constater que malgré la musique ambiante relativement élevée, le nombre de PC continue de gonfler au fil de la matinée, alors le patron prend une nouvelle salve de mesure, "On va bloquer l’accès au wifi pour certains ordinateurs présents. C’est la seule manière qu’on a trouvée pour réduire le nombre d’ordinateurs. On ne le fait pas par méchanceté, pas du tout, on veut garder nos clients. Mais si on n’agit pas, on n’a parfois plus de table disponible pour d’autres clients qui viennent manger chez nous le midi. Or, c’est la période la plus rentable pour un établissement comme le nôtre. Et beaucoup de travailleurs sur leur ordinateur, eux, ne mangent pas chez nous. Ils consomment peu".

Et l’hiver s’approchant, le patron envisage même de faire baisser la température en réduisant le chauffage, par exemple ou encore de couper l’accès aux prise de courant.

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D’autres établissements suivent le mouvement

Et la situation est similaire dans le café végétarien, Spread The Moon, ouvert en février dernier. « J’ai toujours eu des gens qui venaient travailler dans mon établissement. Et je n’y vois pas de problème, jusqu’à une certaine mesure du moins. » explique Julie Strouwen, fondatrice de l’endroit. « D’un côté, c’est très flatteur de voir tout ce petit monde se sentir aussi bien dans mon établissement. Mais d’un autre il faut que les gens se rendent compte que rester plus de trois heures, en branchant tous leurs appareils électroniques, tout en ne consommant qu’un cappuccino, ce n’est pas rentable. »

Face à la montée des prix de l’énergie, tous redoutent une facture énergétique salée et pour certains tous les moyens sont bons pour la faire diminuer. « Une fois, un client est venu recharger son téléphone, son ordinateur ainsi qu’une batterie externe tout en ne consommant quasi rien et en s’endormant dans le canapé. C’est un peu ce qui m’a poussé à réagir. » explique la fondatrice de Spread The Moon.

A l’heure de la sobriété énergétique, elle tente par tous les moyens de maintenir son établissement à flot et certaines de ces dérives menacent quelque peu l’équilibre précaire établi. « C’est important je trouve de rappeler que ce ne sont que des cas assez rares qui vont aussi loin, globalement l’ensemble de ma clientèle est très respectueuse. Je pense simplement que certaines personnes ne réalisent peut-être pas que tout ça, ça a un coût qui nous impacte. »

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Ouvrir le dialogue et conscientiser

Pour résoudre le problème, Julie a bloqué les prises électriques de l’étage de son établissement . « Concrètement, les gens s’installaient plus souvent à l’étage pour travailler, c’est tout cosy avec les canapés etc. Et en bloquant les prises électriques, déjà ça les force à descendre, mais ça permet d’ouvrir le dialogue. » justifie Julie Strouwen.

Loin de vouloir passer pour la « chiante de service » qui empêche ses clients de faire ce qu’ils souhaitent, Julie entend par ce petit geste questionner les gens. « En fait, en voyant ça, les gens descendent et me posent la question. Ce qui me permet de les conscientiser et d’échanger avec eux. On ouvre le débat et on instaure une relation plus respectueuse. On discute et on échange. Et au final depuis que je fais ça, les gens sont vraiment bien plus conscients de cet aspect. »

« Il ne faut pas oublier que je n’ai pas ouvert un espace de co-working, cela ne m’intéresse pas. J’ai hésité à implémenter un système de consommation forfaitaire mais c’est vraiment s’inscrire dans cette démarche de co-working, et je ne voulais pas du tout cela. » conclut-elle.

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