
Le prix du gaz temporairement négatif : quel impact sur votre facture d’énergie ?

C’est un drôle de paradoxe, vu le contexte économique et la crise énergétique que nous subissons actuellement : lundi, le Dutch TTF- le cours de référence pour les prix du gaz en Europe- est brièvement passé en négatif. La livraison dans l’heure pour un mégawattheure à la bourse d’Amsterdam a momentanément atteint les -15€, avant de remonter en fin de séance. En d’autres termes, si un client voulait acheter du gaz à ce moment-là sur le marché, il était… payé pour le faire.
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Si l’on regarde à plus large échelle, la tendance est bel et bien à la baisse, puisque depuis le «pic» du 26 août (350€ le MWh), les prix pour les contrats avec fourniture le mois suivant ont diminué de plus de 50% (quelque 150€ le MWh en fin de semaine dernière).
Une demande en baisse
Alors que de nombreux ménages voient monter avec inquiétude les montants demandés sur leur facture d’acompte, la perspective de la baisse des prix du gaz annonce-t-elle enfin une bonne nouvelle ? Hélas, sans doute pas. Pour le comprendre, il faut d’abord rappeler brièvement les spécificités du marché de l’énergie. Les prix négatifs évoqués interviennent ici sur le marché «spot», qui règle l’achat et la vente de contrats de gaz pour le jour même ; à ne pas confondre avec les contrats «à terme» qui fixent des livraisons de 3 mois à 5 ans à l’avance, et dont le prix est fixé au moment de la signature.
Pour couvrir nos besoins en énergie, les fournisseurs achètent à l’année ainsi que trimestriellement ou mensuellement ce qu’ils estiment être notre consommation moyenne. En fonction de notre consommation réelle (on schématise un peu, mais c’est l’idée générale), les fournisseurs ajustent ensuite leurs stocks, en achetant sur le marché spot s’ils manquent d’énergie, ou en revendant s’ils en ont trop précommandé.
Or, vu la météo particulièrement clémente pour la saison (ce qui nous pousse à ne pas ou peu allumer le chauffage) ainsi que la disponibilité des énergies renouvelables, la demande en gaz est plus faible qu’habituellement à la même période.
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En prévision de l’hiver et face au chantage russe, les états européens ont massivement reconstitué leurs réserves. Stocker le gaz qui arrive par pipeline ou par méthanier devient plus difficile. Pour les producteurs et les livreurs de gaz, il vaut mieux alors vendre provisoirement à des prix négatifs, plutôt que d’arrêter la production et de la redémarrer lorsque la demande remonte (ce qui est très couteux).
Prix en décalage
Ces prix négatifs reflètent avant tout la volatilité qui règne actuellement sur le marché du gaz. Pour le consommateur final, elle ne risque pas d’avoir un impact majeur sur sa facture. «Pour que le décompte final soit plus bas qu'escompté, il faut que la tendance à la baisse se poursuive et se confirme dans les mois qui suivent, expliquait à l’Echo Stéphane Bocqué, porte-parole de la Febeg, la Fédération belge des entreprises électriques et gazières. En outre, il est crucial de noter que la transmission de l’évolution du marché de gros dans les prix de détail a lieu avec un léger retard».
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Pour calculer le montant d’acomptes et de régularisation de vos contrats à tarif variable, les fournisseurs se basent en effet sur des indices calculés trimestriellement ou mensuellement. Il faut donc que la baisse des prix sur les marchés de gros se confirment encore pendant un certain temps pour se risquer à durablement baisser le montant de vos factures d’acompte. Même chose pour parler de retour «à la normale» au niveau des tarifs proposés au consommateur.