Panneaux photovoltaïques : des frais supplémentaires chez plusieurs fournisseurs

Après Octa + et Méga, TotalEnergies a décidé d’imposer des suppléments aux détenteurs de panneaux photovoltaïques.

Panneaux photovoltaïques : des frais supplémentaires chez plusieurs fournisseurs
@BELGAIMAGE

Fin août, le fournisseur d’électricité Mega annonçait l’application d’un forfait mensuel à ses clients propriétaires de panneaux photovoltaïques. Dans la foulée, Octa + faisait de même. C’est maintenant au tour de TotalEnergie de suivre le mouvement. Comme le relate La Libre, des frais supplémentaires pour les propriétaires de panneaux photovoltaïques s’appliqueront pour les clients arrivés chez Total à partir de ce mois de novembre. À compter d’avril 2023, ils se verront en outre imposer une surcharge de 5 euros le kVa (kilovoltampère). Soit environ 300 euros par an pour une installation moyenne, et jusqu’à 600 euros pour les plus grandes.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Ces suppléments viennent s’ajouter aux différents surcoûts que connaissent déjà les propriétaires de panneaux photovoltaïques. Pour rappel, depuis le 1er octobre 2020, la Wallonie a adopté le tarif prosumer. Il s'agit d'une contribution réclamée pour l'utilisation des réseaux de transport et de distribution de l'électricité.

À lire aussi : Tout savoir sur les panneaux photovoltaïques: rentabilité, aides, etc

«Auparavant, le coût de ces réseaux était supporté uniquement par les consommateurs sans panneaux et les prosumers [Le mot prosumer est la contraction des termes anglais Producer, pour producteur et Consumer, pour consommateur, ndlr] qui consommaient plus d'électricité qu'ils n'en produisaient. Avec ce nouveau tarif, les prosumers participeront aussi aux frais du réseau lorsqu'ils consommeront de l'électricité à un moment différent de celui où leur installation en produira. Cela devrait permettre de diminuer le coût du kWh (poste "réseau") pour la majorité des consommateurs», explique sur son site le SPW Énergie.

«Pestiférés»

Ces nouveaux surcoûts ne sont évidemment pas du goût de l’asbl BeProsumer. «Ces différents tarifs appliqués par ces "fournisseurs" visent clairement et uniquement ceux qu'ils considèrent comme des clients qui bénéficient de la compensation. Cette situation devient intolérable. Que dire des centaines de Wallons qui ont commandé leurs panneaux chez TotalEnergie sans que ces derniers les mettent en garde de l'instauration de ce tarif. Les constats juridiques risquent d'être cinglants», s'indignait l'association la semaine passée.

À lire aussi : Le photovoltaïque est-il encore rentable ?

«Chez Total, on me dit que les suppléments ne concerneront que les nouveaux arrivants, ajoutait ce mardi dans La Libre Régis François, président de l’asbl. Et quand je demande si cela ne risque pas de refroidir de potentiels nouveaux clients, on me répond par l’affirmative ». «En Wallonie, on pousse toute l’année les gens à installer des panneaux photovoltaïques, on répète qu’il faut encourager le renouvelable, s’affranchir du gaz et du pétrole russe, etc. Puis on s’entend dire que nous ‘déséquilibrons le marché. Les propriétaires de panneaux sont devenus des pestiférés», soufflait Régis François.

Engie, Eneco et Luminus pas concernés

Contacté par nos confrères, le cabinet de ministre wallon de l’Énergie, Philippe Henry (Ecolo) précisait qu’il était normal que les fournisseurs «prévoient un supplément (par KW crête, la puissance électrique maximale) pour leurs clients prosumer. C’est même une réaction saine pour éviter que les 'sans panneaux' payent leur électricité un peu plus chère à cause des prosumers». «Le surcoût peut être limité à quelque chose de très raisonnable chez les fournisseurs qui gèrent convenablement cette contrainte supplémentaire », tempérait le cabinet, pointant le tarif jugé disproportionné de Mega (10 euros/KW/mois) sur cette question.

Du côté du régulateur belge de l’énergie, la CREG, on disait la mesure justifiable tout en se posant la question du timing, vu le contexte actuel de crise énergétique. «Il s’agit d’une stratégie commerciale pour allouer un coût spécifique à une catégorie de clients alors qu’il était jusqu’à présent socialisé. Cette approche est certes contre-productive alors que l’on encourage les gens à installer des panneaux/produire de l’électricité verte, mais elle reflète un coût réel pour le fournisseur», disait le régulateur à La Libre.

À noter que ces frais supplémentaires ne concernent pour l’instant pas tous les fournisseurs, Engie, Eneco et Luminus n’ayant pas (encore ?) manifesté leur intention d’imposer des coûts supplémentaires aux propriétaires de panneaux photovoltaïques.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité