Economies d’énergie : vaut-il mieux éteindre ou baisser le chauffage en cas d’absence ?

Vu les prix de l’énergie, tout le monde est à la recherche de petites astuces pour réduire sa facture. Pour économiser, est-il préférable d’éteindre complètement votre chauffage ou de le baisser ? Et si oui, de combien de degrés? Plusieurs facteurs sont à prendre en compte.

Les uns seront partisans d’une baisse drastique, les autres seront plus tempérés, tablant sur le fait qu’un intérieur froid demande plus d’énergie pour se réchauffer @BELGAIMAGE

Décembre pointe le bout de son nez et avec la baisse des températures, l’envie devient forte d’ouvrir en grand les vannes du chauffage. Mais face à la flambée des prix de l’énergie, certains hésitent à franchir le pas, et cherchent par tous les moyens à réduire la facture. Alors qu’il peut être tentant de délaisser le télétravail et de se rendre plus souvent au bureau pour économiser sur ses frais de chauffage, se pose justement la question : jusqu’à quel point faut-il baisser la température de la chaudière pendant votre absence ?

Deux écoles s’affrontent sur le sujet : les uns seront partisans d’une baisse drastique, adoptant le slogan «l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas». Les autres seront plus tempérés, tablant sur le fait qu’un intérieur froid demande plus d’énergie pour se réchauffer et que forcer la chaudière à trop turbiner à leur retour risque de cramer toutes les économies réalisées pendant la journée.

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En France, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) conseille de baisser le chauffage pendant les courtes absences, et de régler le thermostat sur 16°. Côté belge, Ecoconso préconise 15 ou 16°C «la nuit et quand on est absent». De quoi épargner 15 à 20% de chauffage, soit une économie de 540€ par an, chiffrait l'association en octobre 2022.

Descendre jusqu'à 12 degrés?

De son côté, Francesco Contino, professeur à l’UCLouvain et spécialiste de l’énergie, n’hésite pas à prôner plus froid encore, soit 14 ou 15 degrés. «Descendre jusqu’à 12 degrés n’est pas un souci majeur», ajoutait-il auprès de la RTBF. Pour ce spécialiste de l’énergie, le principe de base serait de ne pas chauffer quand on n’est pas à la maison. «Cela fait parfois un peu bizarre et c’est contre l’habitude de certains chauffagistes qui ont une vision très conservatrice des choses, expliquait le professeur, «mais il n’y a pas de raison de chauffer quand on n’est pas là».

Ceci étant dit, Francesco Contino rappelait de prendre en compte le risque d’humidité dans l’habitation. Un thermomètre qui descend trop bas peut en effet favoriser la condensation et engendrer des moisissures. Même chose pour certains appareils et équipements domestiques, qui pourraient ne pas apprécier une température trop basse. D’où les «14 ou 15» degrés préconisés.

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Le facteur clé: l'isolation

En réalité, l’ampleur des économies que vous réaliserez en baissant assez nettement la température (encore une fois, pas trop nettement non plus, afin d'éviter l’humidité) dépendra surtout de la qualité de l’isolation de votre logement. Plus celui-ci est bien isolé, plus il conservera la chaleur. Et moins les radiateurs devront se lancer pour conserver un minimum de chaleur en journée, comme pour récupérer la température désirée à votre retour.

Au contraire, si vous vivez dans une maison ou un appartement mal isolé, la déperdition thermique sera plus importante. Votre chaudière bataillera alors toute la journée pour maintenir une température moyenne, et ce, en pure perte, puisque vous serez absent. Dans ce cas, fixer une température plus basse n’est sans doute pas une mauvaise idée.

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Ne pas confondre puissance et énergie

En effet, selon Francesco Contino, l’effort demandé à votre chaudière quand vous rentrez du travail ne devrait pas ruiner les économies faites durant la journée. Et ce, même si un intérieur froid est plus difficile à chauffer qu’un intérieur tempéré. «La puissance, c’est l’intensité avec laquelle on va réchauffer», distinguait Francesco Contino. «Et effectivement, plus on a laissé descendre la température, plus on va devoir mettre une grande puissance pour remonter la température ». «L’énergie, c’est le temps pendant lequel on va utiliser une certaine puissance (..)Ce laps de temps ne sera pas très long si on utilise de la puissance pour remonter la température».

«Par contre, maintenir une température sur toute la journée, c’est sur un long laps de temps, avec une puissance qui est peut-être un peu moins élevée, mais qui au final va créer plus d’énergie». Or, «au final, ce qu’on paye, c’est l’énergie, pas la puissance», concluait-il, toujours auprès de la RTBF.

Un argument également avancé par Stijn Verbeke, chercheur auprès d’EnergyVille/VITO et de l’Université d’Anvers. «Cette puissance supérieure est temporaire [pour le retour à une température agréable, ndlr], expliquait-il pour Monenergie.be. Durant les heures plus fraîches dans votre habitation, moins de chaleur a été perdue grâce à l’enveloppe du bâtiment et à l’aération. Ceci compense largement la demande de chaleur supplémentaire temporaire lors de la remise en température».

Et en cas d'absence prolongée?

À noter que si votre habitation est équipée d’une pompe à chaleur, il vaut alors mieux chauffer pendant la journée, plutôt que tôt le matin, par exemple. «La pompe à chaleur va chercher ses calories dans l’air et elle est plus performante quand l’air est chaud à l’extérieur», expliquait le professeur Contino. Il serait alors plus intéressant de «ne pas chauffer quand on se réveille et subir un peu le froid, parce que c’est ce n’est pas le moment où il fera le plus chaud [dehors, ndlr]. Il vaut mieux retarder le moment où on va chauffer car le chauffage sera plus performant quand il fera bon dehors», conseillait-il.

Précision également que tout ceci est valable pour une absence courte, de l’ordre d’une journée maximum. Si vous vous absentez plus longuement, un week-end ou même plusieurs semaines, l’Ademe préconise alors de baisser encore la température jusqu’à 12 °C, ou même de régler votre chauffage en mode hors gel, ce qui équivaut environ à une température de 8 °C.

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