
Comment la Wallonie compte relocaliser son alimentation

Le constat est sans appel, la Wallonie importe 83% des fruits et légumes qu’elle consomme et 67% des céréales. Et pour Céline Tellier, ministre wallonne de l’Environnement, en charge également de l’alimentation durable cela doit changer. « « Notre alimentation est encore trop dépendante des marchés mondiaux. Cette trajectoire est intenable si l’on veut réduire nos émissions de CO² et maintenir l’activité en milieu rural. » maintient-elle.
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Et pour changer la donne, le mot d’ordre est clair : relocaliser l’alimentation en Wallonie. « Relocaliser notre alimentation permet à la fois de soutenir le savoir-faire des producteurs wallons, de veiller à construire un système alimentaire robuste capable de nous nourrir même en temps de crise et de diminuer l’impact environnemental et social du secteur. »
Ainsi, dans le cadre du Plan National pour la Reprise et la Résilience (financé par l’Union européenne), 45 millions d’euros viennent d’être débloqué afin de soutenir près de 57 projets visant à recentrer la production alimentaire en Wallonie. Cette initiative s’inscrit également dans le plan d’action wallon Food Wallonia qui se compose de 19 actions et qui s’inscrit dans la stratégie « Manger Demain ». Son but? Accélérer la transition vers un système agro-alimentaire et une alimentation plus durables au bénéfice de toutes et tous.
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Une souveraineté alimentaire wallonne durable et accessible
L’objectif de ce projet de transition titanesque est donc clair : doter la Wallonie d’un système alimentaire solide et résilient qui fonctionne en toutes circonstances (afin d’éviter les situations que la crise sanitaire à mise en exergue par exemple – rupture de farine, de sucre…) et qui soit capable de fournir aux citoyennes et aux citoyens des denrées alimentaires en suffisance à des prix abordables.
Invitée ce matin à l’antenne de Matin Première, la ministre était justement interrogée sur cette question d’accessibilité. « Justement l'idée est d’éviter l’effet de niche réservé à quelques-uns plus aisés. Au contraire il s’agit vraiment un grand projet pour notre région qui doit être accessible à tous. » maintenait-elle face à Thomas Gadisseux.
« Au travers de ce projet, nous bouclons la boucle, nous soutenons les agriculteurs dans la transition agro-écologique et la production biologique, nous valorisons leurs produits via des outils de transformations locaux et nous alimentons les cantines de collectivités avec ces produits. » s’est exprimée la ministre dans un communiqué de presse.
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Une assiette plus wallonne
Concrètement, les 57 projets retenus permettront de doper le développement de nouvelles filières agro-alimentaires sur le territoire. « Nous avons énormément travaillé sur des filières de culture plus adaptées au changement climatique, je pense à l'huile de tournesol par exemple, une nouvelle filière qui est en train de s'implanter chez nous » a expliqué Céline Tellier au micro de la Première. « On travaille également sur les filières des fruits et les légumes, des céréales ou encore des protéines, qui sont 4 filières identifiées comme ayant un haut potentiel de développement en Wallonie et qu’on décide donc de soutenir. »
Mais le plan de relance alimentaire wallon ne s’arrête pas là. Il vise toute la chaîne de production et mise pleinement sur la relocalisation, le raccourcissement des chaines de production et le circuit-court : production, stockage, transport, transformation (découpe, mise en conserve…), distribution, valorisation des sous-produits et commercialisation à l'échelon local.
Pour conclure, la ministre a donné un dernier exemple d’action de ce plan. « A travers cette transition, on souhaite soutenir des moulins par exemple. Afin de pouvoir recréer des farines chez nous. Aujourd’hui, on remarque que 2 sacs de farine sur 3 sont importés. Alors que la Wallonie est une terre de céréales. Ce n’est plus possible » explique-elle.
Le changement, c’est pour maintenant visiblement. Et nos assiettes seront définitivement plus wallonne demain.