Manque de pilotes: les compagnies aériennes font le maximum pour ne pas annuler de vols cet été

Très touchées financièrement par leur arrêt durant les confinements, les compagnies aériennes ont repris du poil de la bête depuis qu’il est permis de voyager à nouveau un peu partout. Peut-être même un peu trop... En effet, ces entreprises ont dû réaliser de sérieuses économies pour tenir le coup, notamment du côté du personnel, via licenciements et retraites anticipées. Comme le rapporte L’Avenir, dans tout le secteur, on manque de pilotes.

Dès lors, tous les moyens sont bons pour en recruter davantage. Par exemple, Air France fait son marché chez nous, en Belgique. Un exode des jeunes pilotes belges vers la France est constaté. Les conditions de son travail y sont si bonnes que cela ne surprend pas vraiment. «Tout est mieux là-bas: la carrière, les statuts, les salaires, les conditions de travail… Air France, c’est le Nirvana en Europe! Des pilotes vont même jusqu’à troquer leur statut de commandant ici pour celui de copilote dans une filiale de la compagnie française», explique Christophe Verleye, vice-président de Belgian Cockpit Association, organisation professionnelle des pilotes belges. Ce n’est pas pour rien qu’Air France en fait beaucoup. La compagnie cherche 600 nouveaux pilotes cette année et propose même de racheter les congés de ceux prêts à les sacrifier.

En Belgique, on recrute également. Brussels Airlines compte engager 55 pilotes en 2023 pour tenter de pallier ce manque. Mais peu importe avec le diplôme en poche depuis quelques semaines ou plusieurs années, il faut tout de même être formés au type d’avion, aux habitudes de la compagnie, etc. Cela prend du temps. La société belge regarde d’ailleurs pour des simulateurs d’apprentissage à l’étranger, prévoyant que celui se trouvant à Bruxelles sera probablement surchargé.

Des bancs de l’école au cockpit

Un peu partout dans le monde, les compagnies aériennes cherchent des solutions pour éviter de devoir supprimer des vols. Selon les chiffres de TF1, American Airlines a déjà supprimé 50.000 vols, 34.000 du côté de Lufthansa.

La compagnie TUI avait pris les devants depuis plusieurs années avec sa TUI Academy. Pour être certaine d’avoir assez de pilotes pour ses vols, elle propose à ceux intéressés de les former en 19 mois. Un apprentissage ouvert à tous : il suffit d’avoir un diplôme de secondaire, le permis, savoir nager et parler anglais. En sortant de cette formation, qui passe assez vite de la théorie à la pratique, le pilote débutant connait déjà parfaitement les avions TUI et les standards de la société. À la fin, un contrat de 6 mois est garanti, mais l’apprentissage permet aussi d’aller travailler dans d’autres compagnies.

Aux USA, le secteur de l’aviation se sert de son manque de diversité pour trouver de nouvelles recrues. En effet, la très grande majorité des pilotes sont des hommes blancs. United Airlines, par exemple, a lancé un programme de formation avec des quotas : la moitié des inscrits doivent être des femmes ou des personnes issues de minorités. Une façon de faire d’une pierre deux coups.

Un robot aux manettes ?

Une piste de solution à la problématique actuelle serait de ne mettre plus qu’un seul pilote par avion. Certaines entreprises y travaillent déjà, dont Dassault et Airbus, qui planchent sur des modèles qui ne demanderaient qu’une seule personne pour la phase de croisière, mais toujours deux pour décoller ou atterrir, mais également sur des aides au pilotage très poussées. Une configuration qu’on pourrait déjà voir arriver dès 2027, selon Innovation Origins.

Les autorités chargées de la sécurité dans l’aviation, comme l’Agence européenne de la sécurité aérienne ou son pendant américain, étudient déjà la faisabilité de telles innovations, déjà décriées par les syndicats de pilote à travers le monde.