Les produits portant le label "scientifiquement prouvés" le sont-ils vraiment ?

Cette formule faite pour rassurer les consommateurs peut se révéler trompeuse, comme d'autres du même genre. Voici ce que ces mentions cachent vraiment.

Produit dermatologique
Un produit dermatologique testé dans un laboratoire ©BelgaImage

Dans les supermarchés, vous avez sûrement déjà vu sur des produits la mention "scientifiquement prouvé'", ou "testé et approuvé scientifiquement". Dans certains cas, cette affirmation est même clamée haut et fort et est bien mise en évidence. En tant que consommateur, on pourrait se dire que si c'est le cas, alors la qualité doit être au rendez-vous. "Le problème, c'est que l'expression 'scientifiquement prouvé' n'est pas protégée", alerte toutefois Filip Lardon, professeur à l'Université d'Anvers. Interrogé par la VRT, il précise que "c'est presque devenu un terme publicitaire". Ce type d'attrape, qui se retrouve tout autant en Belgique qu'en France, peut par ailleurs prendre des formes diverses et variées pour brouiller toujours plus les pistes.

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"Ce n'est pas scientifique"

Pour justifier leur label, les marques ont leur tactique. Pour l'illustrer, Filip Lardon prend l'exemple d'une crème pour le visage envoyée à quelques dermatologues pour l'essayer sur des patients. "On peut dire qu'elle a été testée, mais ce n'est pas scientifique", note-t-il. "La recherche scientifique se fait de manière très méthodique et surtout indépendamment du producteur de cette substance".

De cette façon, lorsqu'une étude sérieuse est menée, de premiers tests sont d'abord réalisés avant de passer à des expériences plus approfondies. "Si les résultats de toutes ces expériences sont positifs, nous publions cette recherche dans des revues internationalement reconnues" qui doivent être ensuite revues par des pairs. Dans ce cas, oui, une substance peut être en quelque sorte "approuvée scientifiquement", et encore, ce n'est pas gravé dans le marbre. Il peut s'avérer que les résultats soient incorrects et un retour en arrière n'est pas impossible.

Du soi-disant "hypoallergénique" au très trompeur "testé en laboratoire"

De la même façon, le magazine français L'Obs alerte sur d'autres tromperies du genre. Outre le classique "testé par des dermatologues qui rejoint l'exemple de Filip Lardon, il y a aussi le plus sobre "efficacité prouvée". Encore une fois, cela veut dire que des tests ont été réalisés en amont, mais le terme d'efficacité est tellement flou que c'est la porte ouverte à tous les abus. Le marketing peut aussi mettre l'accent sur la littérature scientifique concernant une des substances du produit, sans considérations supplémentaires.

Idem pour l'omniprésent "hypoallergénique" dans les produits cosmétiques. En réalité, cela veut simplement dire que l'entreprise aspire à minimiser les possibilités de réactions allergiques, pas à éviter tout risque d'en contracter. Le produit peut d'ailleurs quand même contenir des ingrédients reconnus comme allergisants, ce qui peut, même à petites doses, avoir des conséquences dermatologiques.

Quant au "testé en laboratoire", il n'écarte pas le risque de biais. Comment en effet garantir l'indépendance d'un laboratoire testant un produit lorsque l'on sait que ce même labo est rémunéré pour cela? "Certains, aux dires de responsables de tests, remplissent le formulaire d’appréciation et d’efficacité sans même essayer le produit", affirme l'Obs qui invite à la prudence quant à toute mention marketing du genre.

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