Commerce en ligne : pourrait-il être moins polluant que l’achat en magasin ?

L’e-commerce est généralement présenté comme plus nocif pour l’environnement que son pendant «physique». Moyennant certaines conditions bien précises, il pourrait cependant être moins polluant, à en croire une étude française (Ademe).

Commerce en ligne : pourrait-il être moins polluant que l’achat en magasin ?
Un colis Amazon @BELGAIMAGE

Ils se sont fortement popularisés, notamment depuis le Covid-19 : en 2021, 75,2% des Belges avaient effectué des achats en ligne, ce qui représentait une hausse de plus de deux points de pourcentage par rapport à l’année précédente.

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Facile- plus besoin de sortir de chez soi pour s’acheter la dernière paire de chaussure à la mode- l’e-commerce reste toutefois bien souvent décrié en raison de son coût environnemental. Mais est-ce toujours justifié ? Non, répond une étude de la très sérieuse Agence française de la transition écologique (Ademe).

À partir de l’achat d’une paire de chaussures, l’étude, relayée par la DH, construit une série de scénarios (achat en voiture au magasin, livraison à domicile, en point-relais, etc.).

Selon l’Ademe, l’achat d’une paire de chaussures par un client venu en voiture au magasin et ayant spécialement parcouru pour cela 10 km, générerait une émission d’1,6 kg de CO2 dans l’atmosphère.

À cela, il faut évidemment ajouter les 13,4 kg équivalent CO2 que nécessite la fabrication de la chaussure. La livraison à domicile de la même paire (après un trajet de 800 km en avion) ne couterait, elle, qu’1 kg équivalent de CO2, selon l'Agence.

 

 

Emballages polluants

Selon l'Agence, le commerce en ligne serait donc, dans ce cas précis, moins polluant que le commerce physique. Et pourrait encore améliorer son impact environnemental, en jouant notamment sur le packaging. Aux Etats-Unis où plus de 100 milliards de colis sont envoyés par an, l’Agence de Protection de l’Environnement aurait évalué que les emballages du shopping online représentaient 30% des déchets solides produits par les ménages.

La taille des emballages a aussi un impact : selon une étude effectuée sur 621 paquets envoyés en Belgique, le taux de remplissage des colis ne serait que de 63% en moyenne. Réduire de 20% la taille de l’emballage permettrait donc d’économiser de l’espace de chargement, et donc d’utiliser moins de camions.

Selon l’Ademe, les principaux points forts de l’e-commerce sur le plan environnemental sont «l’absence de magasin, l’absence de déplacements des consommateurs et la mutualisation des trajets de livraison à domicile». Ses points faibles, les emballages donc, mais aussi «le taux de chargement des véhicules, le recours au transport express ou aérien, les distances parcourues, les retours».

«À ce jour, il n’est pas démontré que le commerce en ligne présenterait un avantage environnemental systématique et incontestable sur le commerce en magasin», concluait l’agence française.

La fréquence des achats comme clé du match

Dans le match e-commerce/ achat en magasin, ce qui semble décisif, c’est notamment la fréquence des livraisons et la quantité des achats. Or, le modèle actuel de la vente en ligne, sur la pression d’Amazon&co, privilégie des livraisons de plus en plus rapides et à domicile. Contrairement à une livraison en «point-relais», la livraison à la maison implique généralement une multiplication des trajets.

Selon une étude belge, l’impact environnemental d’une livraison diminue si celle-ci se fait en point de dépôt. Et le renvoi gratuit, qui est souvent mis en avant comme argument de vente, ne pousse pas non plus à limiter les trajets.

 

 

Et d'après un sondage réalisé par Greenpeace, un quart des colis commandés par les Allemands de moins de 30 ans seraient retournés à l’expéditeur. Pour éviter de stocker ces article réexpédiés, Amazon mettrait d'ailleurs en place un système « de destruction massive », à en croire une ex-employée.

Par ailleurs, le scénario pointé plus haut par l’Ademe (10 km de trajet en voiture spécialement effectués pour un unique achat en magasin) ne semble pas vraiment raccord avec les habitudes des consommateurs.

Chez nos voisins, le Conseil national des centres commerciaux avançait que les galeries marchandes françaises présentaient un meilleur bilan carbone que l’e-commerce, les clients y achetant en moyenne 6,3 produits…

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