

Aux États-Unis, les climatiseurs sont des appareils absolument banals dans les habitations. Comme le frigo ou la machine à laver, beaucoup d’Américains préfèrent en avoir un ancien ou en mauvais état que pas du tout.
Chez nous, et dans la majeure partie de l’Europe, la situation est bien différente. L’air climatisé à domicile est plutôt un luxe, un ajout assez rare à un logement. Question d’habitude, forcément, mais aussi parce que cela coute assez cher et consomme beaucoup d‘énergie. De plus certains craignent que les changements de températures soudains aient des effets sur la santé. Mais avec le réchauffement climatique, qui ne ralentit pas, les choses pourraient bien changer. Surtout dans les pays méditerranéens.
Comme l’indique Associated Press, citant des chiffres de l’Agence Internationale de l’Énergie, de plus en plus de foyers décident de s’offrir un climatiseur. En 2000, 10% des Européens avaient la clim chez eux en 2000, contre 19% en 2022.
En Italie, les ventes sont passées de 865.000 appareils par an en 2012, à quasi 1,92 million l’an dernier. Surtout pour les entreprises, pas trop pour les habitations privées. Le pays a déjà vu les conséquences d’une telle hausse. En juillet, pendant les fortes chaleurs, Rome a été frappée par une panne d’électricité, causée notamment par les climatisations. Des camions de générateurs avaient été appelés à la rescousse pour approvisionner la capitale en électricité. Alors qu’il faisait 40°C à l’extérieur, Rome a failli battre son record de consommation électrique avec plus de 59 Gigawatts utilisés par les habitants, plongeant de nombreux foyers, commerces et entreprises dans le noir. D’après la compagnie électrique italienne Areti, durant la canicule, la demande en électricité a connu une hausse de 30%.
En Espagne aussi, la popularité de la clim augmente, même si la société s’est tout de même bien adaptée à la chaleur avec le temps. Une étude universitaire projette que la moitié des foyers espagnols devraient avoir un climatiseur d’ici 2040. En 1990, cela ne concernait que 5% des familles. Chez nos voisins français, la réticence est plus grande, mais les chiffres sont aussi en hausse, avec un million de vente par an.
Le phénomène devrait aussi bientôt atteindre les pays d’Europe du Nord, où ces appareils sont encore plus rares. D’après une étude de l’Université de Cambridge, si les températures augmentent de 1,5°C à 2°C, ce sont ces régions qui souffriraient le plus, car elles subiraient une hausse de température plus importante lors des canicules et autres journées péniblement chaudes.
Mais Nicole Miranda, une des chercheuses derrière l’étude, précise : «d’un point de vue scientifique, si nous choisissons tous la solution de facilité, qui est la climatisation, nous allons faire face à un autre type de problème, parce que cela signifierait une forte hausse de la consommation d’énergie, et donc des émissions de CO2.»