
Faut-il abaisser l’âge d’obligation scolaire de 5 à 3 ans ?

La proposition émerge du MR, à l’initiative de la réforme. Pour le parti de droite, cette modification serait en accord avec la littérature scientifique actuelle qui pousserait, unanimement, à une fréquentation scolaire avancée.
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Pour le sénateur Philippe Dodrimont, qui le rappelle dans les colonnes de nos confrères de la RTL: «En abaissant l'âge à trois ans, on offre à l'enfant un accès précoce à des environnements éducatifs structurés et de qualité. Les études le démontrent: les enfants ont une plus grande facilité pour la lecture, l'écriture, la compréhension des mathématiques", a-t-il expliqué. Dans le même temps, Georges-Louis Bouchez, président du MR, a vanté, lui, une "politique sociale" essentielle dans la lutte contre l'échec scolaire.
Cette mesure a pour objectif principal de réduire les inégalités. En effet, ceux qui sont issus de milieux défavorisés accumulent plus de retard que les autres, d’autant plus s'ils sont élevés dans une autre langue que la langue d'enseignement. Rien qu’à Bruxelles, cela concerne 37% des petits élèves. Dans ce cadre, l’obligation de scolarisation avancée permettrait de réduire les écarts et de favoriser l’apprentissage.
Comme l’explique l'auteur de la proposition de résolution, le libéral Gaëtan Van Goidsenhoven, au journal le Soir « l'abaissement de l’âge permettrait de donner un cadre commun qui offrirait à tous les mêmes chances de réussir leur scolarité (…) En effet, entre trois et six ans, l'enfant développe à l'école maternelle des compétences indispensables pour aborder ensuite à l’école primaire, et dans de bonnes conditions, l'apprentissage des savoirs fondamentaux ».
Un large soutien francophone
L’idée d’abaisser l’obligation scolaire à 3 ans fait des émules en Wallonie et à Bruxelles. C’est que le taux de scolarisation dès 3 ans est déjà très important en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce dernier avoisine les 93% et cette mesure apparait, dans les yeux de certains – et ceux du PS notamment – comme logique et s’inscrit dans « le sillage du pacte d’Excellence ».
"Il faudra travailler en parallèle sur les conditions de réussite de cette mesure, notamment la garantie pour chaque enfant d'avoir une place dans une école près de chez lui", a fait remarquer Fatima Ahallouch, sénatrice PS.
Du côté des Engagés, on tempère. La mesure plait mais « manque d’un discours de la méthode ». Pour André Antoine, sénateur pour les Engagés, si la mesure passe, cela concernerait environ 5000 enfants du côté francophone. Mais le sénateur pour les Engagés voudrait aller encore plus loin "Dès demain, dans les Communautés, il faudra interpeller les responsables pour préparer la mise en œuvre", a-t-il souligné, tout en réclamant la tenue d'une conférence interministérielle de l'enfance.
Une communauté flamande plus polarisée
En Flandre, le taux de fréquentation scolaire atteint 99%, comme l’ont rappelé les chrétiens-démocrates. Ce qui ne les empêchent pas de se positionner contre cet abaissement de l’obligation scolaire, qualifiant cette mesure de « fausse bonne idée ». Selon le CD&V, l’enjeu est ailleurs. Pas tant dans l’âge de fréquentation de l’enseignement maternel, mais plus dans la qualité de ce dernier qu’il faudrait soutenir. Le Vlaams Belang à, lui aussi, voté contre cette réforme.
De leurs côtés, les verts (Écolo et Groen) se sont abstenus de voter. Si ils se positionnent en faveur de cette mesure, ils n’en demeurent pas moins inquiets des sanctions que celle-ci pourrait entrainer.
Visiblement, l'enseignement obligatoire n'est plus qu'une question de temps. Reste à savoir quand et comment la mesure sera appliquée...