
Vers un nouveau record de pollution de l'air

Le nouveau monde aura fait long feu. Alors que la crise du Covid, pensait-on, nous forcerait à prendre conscience de la gravité de la situation et qu'il était désormais urgent de changer de modèle de développement et de manière de vivre, les données récoltées par l'Agence Internationale de l'Energie (IAO) disent tout autre chose. Les émissions carbone dans l'air sont sur le point de dépasser celles de 2019 – soit un nouveau record de pollution.
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Comment en est-on arrivé là alors que le confinement de printemps avait donné un bol d'air frais à la planète (avec une chute des émissions de CO2 jamais vue depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale) ? Le rebond, qui fut intense, particulièrement dans les pays dits émergents. Et l'espoir que 2019 ne soit qu'un pic de pollution mondiale s'éloigne.
Ainsi, derrière les grandes déclarations d'intention en faveur des énergies vertes pour redémarrer l'économie... Il y a très peu d'actions concrètes. Selon le Dr Fatih Birol, directeur de la IEA : « Nous sommes en train de passer à côté d'une opportunité historique de faire de 2019 le pic définitif des émissions globales à haut risque. Si dans les prochains mois les gouvernements ne mettent pas les bonnes politiques d'énergie propre en place, nous pourrions bien revenir au business as usual de l'énergie carbone intensive. C'est en contraste total avec les ambitions et les engagements fais par nombre de gouvernements les uns après les autres ».
Pas assez de politiques énergétiques vertes
La Chine, par exemple, dont les émissions de CO2 avaient chuté de 12% en début d'année par rapport à l'année précédente, terminent l'année avec une augmentation des émissions de 0,8% par rapport à 2019. Entre le mois de décembre 2020 et le mois de décembre 2019, celles-ci ont même augmenté de 7%. Même schéma aux Etats-Unis, en Inde et au Brésil.
En Europe, les émissions avaient chuté de 22% en avril (par rapport à avril 2019). Sur toute l'année 2020, on observe tout de même une baisse de 5% des émissions par rapport à l'année 2019. Le résultat du fameux Green Deal européen - ou du moins, de politiques énergétiques tournées vers le vert ? Peut-être un peu, mais la raison est surtout à trouver du côté des restrictions qui restent sévères au deuxième semestre, et notamment l'interdiction de voyager.
« C'est un signal clair que les gouvernements n'ont pas instauré assez de politiques énergétiques vertes dans leur relance économique, comme ils le devraient, continue le directeur de l'IEA. Nous avions prévenu que si ces politiques n'étaient pas mises en place, nous serions de retour là où nous étions avant la crise – et c'est ce qui est en train de se produire aujourd'hui ».