

Selon l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN), il est déjà possible en termes de sûreté de prolonger la durée de vie des deux plus jeunes centrales nucléaires de notre pays (Doel 4 et Tihange 3). C'est ce qu'indique l'analyse que le gouvernement fédéral avait demandée juste avant Noël. Le gouvernement doit prendre une décision finale dans les prochains mois et les installations devraient dans ce cas recevoir une remise à niveau.
Juste avant la fin de l'année, le chien de garde nucléaire a été chargé, avec le service public fédéral (SPF) Économie, d'enquêter sur les mesures nécessaires pour maintenir les réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 ouverts après 2025. Cet ordre faisait partie du compromis sur la sortie du nucléaire, dans lequel le gouvernement a reporté la décision finale à mars de cette année.
Dans le domaine de la sûreté nucléaire, c'est déjà possible, indique lundi l'AFCN dans ce rapport. Les réacteurs les plus jeunes sont déjà largement conformes aux règles de sûreté, même si un certain nombre d'améliorations sont encore nécessaires et devraient être mises en œuvre avant 2025.
En principe, c'est à l'opérateur Engie Electrabel d'élaborer un plan d'action sur la manière d'améliorer les installations. Mais le temps de préparation restant étant limité, l'organisme de surveillance propose d'accélérer cette procédure et de travailler avec Engie dans les six mois suivant la décision du gouvernement pour déterminer quel travail doit être fait et quand. Une distinction serait alors faite entre les «exigences nécessaires» et les «ajustements éventuels», précise l'AFCN. Cette dernière catégorie pourrait éventuellement être reportée pendant une courte période après 2025, si cela s'avérait nécessaire.
L'AFCN souligne qu'une extension de Doel 4 et Tihange 3 doit durer au moins dix ans. De plus, il y a d'autres préoccupations que la sécurité. Il faut par exemple vérifier si le personnel disponible est suffisant pour organiser simultanément une extension et le démantèlement des cinq autres centrales ainsi que le stockage des déchets radioactifs, précise l'agence.
De plus, l'AFCN s'est limitée à la sécurité et à la réglementation dans l'évaluation. Le SPF Économie est compétent en matière d'approvisionnement et d'éventuelles modifications de la loi de sortie du nucléaire, indique le rapport.
Enfin, le timing reste très serré. Dans tous les cas, une étude d'impact environnemental avec une consultation publique - éventuellement transfrontalière - est toujours requise si Vivaldi opte pour une extension. D'ici fin janvier, dans deux semaines, le gouvernement devrait avoir une approche globale prête, prête pour une décision le 18 mars. En tout cas, elle doit prendre une décision définitive le 18 mars, selon l'observatoire du nucléaire. «Si le gouvernement fédéral confirme la sortie complète du nucléaire en mars, elle doit être considérée comme irréversible à partir de ce moment-là».
Le président du MR Georges-Louis Bouchez, opposant notoire à la sortie du nucléaire, a rapidement réagi lundi soir. «Comme MR l'a toujours dit. Nos points de vue ne sont pas dogmatiques. Nous sommes guidés par la science et la technologie», a-t-il tweeté. «Notre pays doit faire les bons choix stratégiques».
La N-VA, au fédéral dans l'opposition, utilise également le rapport pour plaider une nouvelle fois pour une extension du nucléaire. «C'est on ne peut plus clair. Le Premier ministre et ministre Tinne Van der Straeten (de l'Energie, ndlr) n'ont plus d'appui. Place à la rationalité!», a tweeté le président Bart De Wever.