
Les chiffres fous des vols «fantômes»

Après deux ans de pandémie, les compagnies aériennes opèrent toujours des vols fantômes. Comme le rappellent nos confrères de CNN, le phénomène est devenu «courant» avec le début de la pandémie. Mais il a de quoi interpeller au vu de l'urgence de la crise climatique. Deux ans plus tard, les chiffres ont encore de quoi donner le tournis: selon une étude de Greenpeace, plus de 100.000 vols fantômes traverseront au total le ciel européen cet hiver.
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L'ONG s'est basée sur une prévision du CEO de Lufthansa, Cartsen Spohr. En décembre dernier, il prévenait que sa compagnie risquait d'opérer 18.000 vols superflus dans les 6 prochains mois afin de conserver ses créneaux. Lufthansa représentant 17% du trafic sur le marché européen, Greenpeace a estimé que le nombre total de vols fantômes en Europe produirait 2,1 millions de tonnes de CO2, soit « l'équivalent des émissions annuelles d'1,4 million de voiture ».
Comme l'explique l'ONG, la législation européenne impose normalement aux compagnies aériennes de faire opérer au moins 80% des vols réservés pour conserver leurs «slots», ces créneaux horaires réservés au sein des routes aériennes. Ils déterminent ainsi le droit de faire atterrir et décoller un avion dans un aéroport. Des «slots» donc très précieux pour les compagnies, comme le rappelle CNN: « Avec plus de 200 hubs parmi les plus fréquentés de la planète fonctionnant à pleine capacité, la demande de vols dépasse la disponibilité des pistes et de l'espace à l'intérieur des terminaux ». Ces slots déterminent ainsi le droit pour une compagnie de faire atterrir et décoller un avion dans un aéroport.
«Des vols inutiles et polluants »
Avec la pandémie, ce quota a été réduit à 50% par la Commission européenne. « Mais il remontera à 64% d'ici mars 2022 ». Greenpeace appelle dès lors la Commission européenne et les gouvernements nationaux à lever la réglementation qui encourage ces vols fantômes. « Nous sommes dans une crise climatique et le secteur des transports présente la plus forte croissance d'émissions dans l'Union européenne », déplore Herwig Schuster, porte-parole de la campagne «Mobility for All» de Greenpeace Europe. « Ces vols fantômes inutiles et polluants ne sont que la pointe de l'iceberg ».
« Ces vols non nécessaires ne sont pas vides ou des vols «fantômes»», a affirmé de son coté un porte-parole de Lufthansa au micro de CNN. « Ce sont des vols réservés, qui sont simplement peu remplis à cause de la pandémie ». Et le variant Omicron y est pour beaucoup. « La crise a entrainé une augmentation significative des restrictions de voyage et des cas de maladie dans la population et les employés. (...) Cela a non seulement miné la tendance à la reprise mais aussi déclenché un effondrement de la demande ».