Marche pour le climat: «Nous devons réduire notre consommation d'énergie»

Ce vendredi a lieu à Bruxelles et partout en Europe une marche pour le climat. C'est le retour des Fridays for Future. Adélaïde Charlier nous en dit plus.

AdélaÏde Charlier
Belga

C'est la première marche pour le climat depuis la COP26. Vont-elles se succéder à un rythme soutenu ?

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L'idée est de suivre l'appel international des grèves de Fridays for Future au niveau mondial. Il y en aura à mon avis en moyenne tous les deux mois. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, on ne peut pas se permettre une mobilisation toutes les semaines. Mais on reste en action avec des démarches en parallèles.

La pandémie et désormais la guerre en Ukraine ont un peu effacé l'urgence climatique. Est-il devenu plus difficile de mobiliser les gens sur la question ?

Il y a de nombreuses luttes et de nombreux combats. Et l'urgence climatique est un crise parmi d'autres, mais tout est lié. Ce qui est difficile, c'est de montrer que les conséquences de la crise climatique sont déjà là, qu'on ne parle pas des générations futures, que le climat, c'est maintenant. Quand le GIEC nous dit qu'environ 3,5 milliards de personnes sont en zone de danger à cause de l'urgence climatique, c'est quand-même une personne sur deux sur la planète. C'est énorme. Avec les différentes crises auxquelles on est confrontés aujourd'hui, ce qu'on doit requestionner, c'est la base même du système dans lequel on vit. Le thème de la marche internationale de ce vendredi, c'est « people not profit », « les gens avant le profit ». Avec ce qui se passe en Ukraine, on voit bien que notre dépendance envers les énergies fossiles fragilise les citoyens européens. Quand on regarde toutes les crises, il y a une urgence commune : celle de remettre la vie au centre de nos projets de société.

Marche pour le climat

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La COP26 n'a rien apporté sur ces questions ?

A la COP26, on s'est vite rendu compte sur place qu'on était en minorités. Le nombre de badges distribués aux lobbyistes des entreprises en énergies fossiles dépassaient de loin toutes les autres. Avec 503 badges, c'était la plus grande délégation devant les Etats-Unis, l'Allemagne ou d'autres Etats. Ca montre bien que l'intérêt privé était bien plus présent à cette COP que l'intérêt du bien commun.

Face aux différentes crises, comprenez-vous que la Belgique décide de prolonger le nucléaire ?

Le nucléaire, c'est une autre question qui est très spécifique. Il n'y a pas de consensus au sein du mouvement Fridays for Future, chez les experts non plus. Chacun a son opinion. La vraie question qu'il faut mettre en avant, c'est qu'il est absolument nécessaire de réduire notre consommation d'énergie.

La sauvegarde de la planète passe par là ?

Absolument. C'est quelque chose qui fait peur a beaucoup de monde. Mais il existe énormément de projets citoyens qui cherchent des alternatives pour moins consommer. C'est possible. Mais c'est quelque chose qui doit être mis en place par les pouvoirs politiques. Rappelons que le dernier rapport du GIEC, sorti le 21 février, dit que l'humain n'est pas prêt face à ce qui va arriver. Malheureusement, il faut attendre les catastrophes, comme les inondations de cet été, pour en parler.

Marche pour le climat

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On a tendance à vouloir le changement, tout en ayant du mal à changer nous-mêmes. Que dire aux personnes qui iront manifester vendredi, mais qui vont continuer à prendre leur voiture pour faire deux kilomètres ?

Je leur dirais merci de venir manifester parce que l'action collective est essentielle pour changer les choses. Après, bien sûr, on doit agir à un niveau personnel. Mais je pense que le problème est bien plus large. Le politique et le monde des entreprises doivent nous offrir des alternatives. Une personne qui vit dans un village où il n'y pas de transport en commun, où il n'y a plus de train qui passe, il n'a pas d'autre choix que de prendre la voiture. C'est au pouvoir politique à nous offrir ces alternatives. Aujourd'hui, elles sont un privilège. Ca ne devrait pas être le cas.

La solution, c'est un choix politique ?

La solution, elle se trouve chez les citoyens. Tout le monde peut agir à son niveau. Seulement, il y a un manque de soutien de la part du monde politique. Les citoyens qui ont des fermes alternatives aimeraient bien vendre leurs produits moins cher pour que tout le monde puisse les acheter, mais ils ne reçoivent pas un centime de la part du monde politique, contrairement au secteur aéronautique ou à l'agroalimentaire. Il y a des choses qui se font, mais trop peu de soutien au niveau politique.

Vous avez rencontré Angela Merkel et d'autres leaders politiques. Quel sentiment vous ont-ils laissés ?

Ce que je retiens des rencontres avec les leaders politiques, c'est qu'il y a clairement un manque de courage de leur part, mais aussi que ce sont les citoyens qui leur montrent la direction. C'est pour ça que les marches pour le climat sont importantes.

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