

Les vagues de chaleur successives amènent bien des désagréments. Parmi eux, la floraison d’ambroisie qui, cet été, est un peu plus précoce. En France, le Réseau national de surveillance aérobiologique a constaté que la plante répand son pollen «avec un peu d’avance» cette année. Une semaine plus tôt qu’à l’habitude. «On a déjà eu des premiers grains de pollen fin juillet, donc c’est vrai que c’est un peu plus avancé, lié à la canicule», développe Samuel Monnier, du Réseau national de surveillance aérobiologique, à nos confrères de France Info.
L'ambroisie, plante invasive venue d'Amérique du Nord, entre généralement en floraison entre mi-août et mi-septembre. Avec le réchauffement climatique et les vagues de chaleur répétées, le phénomène se produit plus tôt et la plante deviendrait plus résistante. «Le changement climatique et la hausse des températures favorisent vraiment la croissance des plantes qui émettent plus de pollen dans l’air», explique Samuel Monnier. Chez nos voisins, l'ambroisie est surtout présente dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. «On la retrouve beaucoup moins dans le Nord, dans le Grand Ouest et en Bretagne, mais aussi autour de la Méditerranée : dans le Sud et le Sud-Est, elle est peu présente», précise l'ingénieur interrogé par France Info. Depuis quelques années toutefois, la plante s'étend. «Sur nos capteurs, on a une augmentation des quantités de pollens au cours des 30 dernières années», poursuit Samuel Monnier. On la retrouve également dans le nord de l'Italie et en Europe centrale.
https://twitter.com/rnsa_pollen/status/1555484786281562114
Cette arrivée «en avance» est en tout cas problématique pour ceux qui y sont allergiques. D'autant plus que la plante provoque des réactions parfois violentes. «Ce sont des rhinites (le nez qui coule), des conjonctivites. (...) De la toux, des difficultés à respirer et des crises d'asthme dans les cas les plus graves». Selon Samuel Monnier, une personne sur 5 y serait allergique.
D'autant plus que l'ambroisie peut aussi poser des problèmes économiques, en ravageant notamment certaines cultures comme le maïs ou le tournesol. En France, le coût socio-économique de la plante serait compris entre 415 et 554 millions d'euros par an (pertes de production, prises en charge médicale et pertes de qualité de vie).
La Belgique est moins touchée par l’ambroisie que son voisin français. «La plante n’est qu’en tout début d’invasion dans la région wallonne», nous explique Adrien Delforge, responsable de l’Observatoire wallon des ambroisies. L'organe a été créé en octobre 2019 pour prévenir l'installation de la plante en Région wallonne. «On est dans la même situation que le nord de la France. Le nombre de populations est relativement restreint. (...) On a entre 10 et 20 sites problématiques actuellement (...) Mais on voit, d'années en années, que la plante est en train de remonter depuis le sud de la France». Sur son site, l'observatoire précise que les vallées de la Sambre et de la Meuse, ainsi que la Hesbaye et la Fagne-Famenne, constituent les zones les plus propices à l’installation de la plante.
Le pollen d’ambroisie est dès lors, lui aussi, peu présent au sud du pays. «Il y en a très peu, dans des proportions peu dangereuses. Et quand elles sont dangereuses, ce n’est jamais très longtemps», poursuit le spécialiste. L’Observatoire travaille, à cet égard, avec le département AirAllergy de Sciensano. Il indique par ailleurs ne pas avoir réussi à déterminer si ces pollens viennent effectivement de la région wallonne. «On pense plutôt que le pollen viendrait soit des pays de l’est, soit de la France. (…) Ce serait surtout des grosses populations d’autres pays, où le pollen est répandu massivement, qui arriveraient chez nous dans les pics de ces autres pays».
Une situation donc largement sous contrôle en Wallonie. Mais elle pourrait se détériorer à l’avenir. «Les canicules répétées vont favoriser l’arrivée de la plante chez nous et sa progression dans notre région», prévient Adrien Delforge. «Dès qu'il va faire plus chaud, la plante va répandre son pollen plus tôt et plus longtemps. Son pollen va aussi être plus allergisant, provoquer des allergies plus lourdes».
Pour prévenir le développement de la plante, l'Observatoire demande à tout citoyen qui pense avoir découvert une population d'ambroisie de prendre contact avec lui. Par téléphone (081/82.28.26), via les réseaux sociaux ou utiliser les plateformes d'encodage de la région. «Notre but est vraiment de toutes les détruire et de toutes les surveiller mais pour ça, on a besoin que les gens nous le disent», insiste le responsable de l'observatoire. Il est également conseillé d'arracher vous-même la plante, avec la racine.