
Manque d'eau, feu, agriculture en péril... Comment la Belgique fait face à la sécheresse

Au mois de mai, dans un dossier anticipant la sécheresse estivale, nous écrivions que si l’avenir s’annonçait très incertain, on allait traverser l’été 2022 sans trop de casse. La pluie tombée durant l’hiver devait en effet nous protéger d’une pénurie d’eau. Trois gros mois plus tard, le scénario d’une sécheresse, et d’une série de comportements à mettre en place pour y faire face, se précise. Il suffit de sortir de chez soi pour s’en rendre compte, les pelouses jaunissent. Une réalité que la Nasa, via son satellite Terra, a objectivée en ce début de semaine avec des images prouvant un assèchement des sols impressionnant de rapidité. En parallèle, les débits des cours d’eau diminuent. Pour beaucoup, le niveau s’affaisse, notamment ceux de la Lesse, de la Vesdre ou de l’Ourthe. Les amoureux du kayak rongent leur frein.
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La semaine dernière, le lit de la Meuse est apparu. Son niveau rappelle celui de l’été 1976, date d’une sécheresse historique en Belgique. Elle doit pourtant servir de plan B en alimentation du réseau d’eau potable en cas d’assèchement des nappes phréatiques. Son niveau extrêmement bas pourrait en conséquence avoir un impact jusqu’à Bruxelles. Même si Vivaqua se veut rassurant, les réserves d’eau étant encore suffisantes pour alimenter une capitale qui a plus d’une corde à son arc. En Wallonie, la situation n’est pas critique, mais elle se complique. Treize communes ont décidé d’imposer des restrictions de consommation: Léglise, Saint-Hubert, Stoumont, Rochefort, Durbuy, Libin, Libramont, Chimay, Theux, Bouillon, Habay, Pepinster et Vresse-sur-Semois. La situation de Jalhay, Vielsalm, Beauraing et Houffalize est, elle, surveillée de près par la Société wallonne des eaux. Ces communes du centre Ardenne et de la province de Liège ont l’habitude de souffrir d’un manque d’eau. La région fait partie des moins bien loties de Wallonie en matière de réserve d’eau. Mais il est demandé aux citoyens de rester raisonnables. On devrait pouvoir leur faire confiance puisque les Wallons sont parmi les consommateurs d’eau les plus parcimonieux avec 119 litres par an et par personne, contre 200 litres pour la moyenne européenne.
De son côté, la Flandre ne dispose pas de réserves aussi fournies que la Wallonie, et les nappes se vident. Mais là aussi, la population semble faire sa part. En attestent les chiffres de consommation, plus bas que ceux des années précédentes. Le travail de sensibilisation appuyé par les autorités porte apparemment ses fruits, avec en parallèle l’inflation qui contribue à une consommation maîtrisée. L’heure n’est plus au gaspillage. Pour conclure, en Belgique, les craintes de la population sont heureusement tempérées par les experts. Notre pays dispose, pour le moment, d’assez d’eau pour alimenter les besoins de tous les Belges. Mais l’heure est à l’adaptation car les marges fondent comme neige au soleil.
Terres brûlées
Le secteur agricole est évidemment le premier à souffrir de l’assèchement des sols. Les grandes cultures, comme les céréales, les betteraves ou les pommes de terre, sont particulièrement menacées. Les pâturages qui jaunissent ont également un impact sur l’alimentation des animaux. De quoi mettre en péril les filières du fromage et de la viande. Et les prix grimpent. “On est déjà sur des marchés agroalimentaires très élevés qui pourraient encore augmenter si la sécheresse venait à se poursuivre”, a indiqué David Clarinval, ministre fédéral de l’Agriculture.
Des robinets vides en France
En France, les voyants sont au rouge foncé. Une centaine de communes n’ont plus accès à l’eau potable et doivent être ravitaillées par camions. Pas une mince affaire quand il s’agit d’approvisionner des villages perchés de montagne. Des récoltes sont également privées d’arrosage et meurent au soleil, laissant entrevoir des champs de désolation et d’énormes pertes financières. Dans ce contexte, la décision du gouvernement d’offrir une dérogation aux golfs pour qu’ils puissent être arrosés a fait polémique. Libération rapporte aussi que des jacuzzis ont été éventrés à Gérardmer. Les auteurs ont laissé ce message: “L’eau, c’est fait pour boire”.
Pas de feu en plein air
Il est désormais interdit de lancer un feu en plein air dans la province de Liège, afin d’éviter un embrasement qui deviendrait rapidement incontrôlable avec l’assèchement du bois en forêt. Pas de feu de camp dès lors pour les mouvements de jeunesse. L’arrêté prévoit également l’interdiction de désherbeurs thermiques, de lanternes célestes et de feux d’artifice. Les barbecues sont autorisés dans les enceintes privées, à condition de se situer à minimum cent mètres des lisières de forêts. “L’arrêté s’appuie sur le dernier compte-rendu de la Cellule sécheresse de la Région wallonne et sur un rapport émanant de la zone de secours 4 Vesdre-Hoëgne & Plateau”, précise la province.