Le Parlement européen plus volontariste pour réduire la déforestation mondiale due à l'UE

Alors que les Européens sont responsables de 16% de la déforestation mondiale, le Parlement de l'UE appelle la Commission à être plus ambitieuse.

Parlement européen à Strasbourg
Le Parlement européen, le 13 septembre 2022 à Strasbourg ©BelgaImage

Le Parlement européen a adopté mardi la position qu'il défendra face à la Commission et aux États membres pour réduire la déforestation mondiale dont l'Union européenne est responsable.

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Un texte bien plus ambitieux

Par 453 voix pour, 57 contre et 123 abstentions, il a réclamé que davantage de produits soient couverts par les futures règles, qui exigeront des entreprises un «devoir de vigilance»: s'assurer que les produits vendus dans l'UE ne soient pas issus de terres déboisées ou dégradées. La consommation européenne est à l'origine de 16% de la déforestation mondiale par le biais des importations, faisant de l'UE le deuxième destructeur de forêts tropicales derrière la Chine.

La proposition de la Commission couvrait le bétail, le cacao, le café, l'huile de palme, le soja et le bois, y compris les produits qui contiennent, ont été nourris avec ou fabriqués à partir de ces produits de base (par exemple le cuir, le chocolat, les meubles, etc.). Les eurodéputés, eux, souhaitent inclure la viande de porc, les ovins et les caprins, la volaille, le maïs et le caoutchouc, ainsi que le charbon de bois et les produits en papier imprimé. Le texte étendrait aussi le champ d'application du règlement aux «autres terres boisées», ce qui permettra d'éviter que la protection des forêts ne se fasse au détriment de zones moins densément boisées, fait observer Saskia Bricmont (Ecolo). Le groupe des Verts regrette toutefois que cette protection ne soit pas étendue à tous les écosystèmes.

Quand la Commission freine des quatre fers

Les négociations s'annoncent difficiles avec le Conseil (États membres). Les Vingt-sept ont déjà adopté leur position de négociation qui, selon les ONG environnementalistes comme Greenpeace ou le WWF, laisserait la grande majorité des forêts de l'UE sans protection et perpétuerait de nombreuses pratiques forestières néfastes. La Commission, elle aussi, freine un élargissement du champ d'application. «Plutôt que de surcharger le système et de risquer son échec, il faut avancer pas à pas», a plaidé le commissaire à l'Environnement, Virginijus Sinkevicius. Il attend des analyses démontrant que d'autres produits à couvrir sont bien ceux où l'UE contribue le plus à la déforestation, et souligne la charge pour les opérateurs économiques. À ce titre, le rapporteur, le Luxembourgeois Christophe Hansen (PPE), a appelé à un soutien économique et technique aux petits agriculteurs.

Un des avantages de la nouvelle réglementation, ajoute Tom Vandekendelaere (CD&V, PPE), est que l'Europe éliminerait aussi les désavantages concurrentiels pesant sur ceux qui travaillent déjà avec une certification, comme avec le soja socialement responsable. Pour Marie Arena (PS, S&D), cette réglementation doit en outre soutenir la lutte pour les droits des peuples indigènes et des défenseurs de l'environnement. Entre 2010 et 2020, plus de 1.540 meurtres de ces défenseurs ont été enregistrés, principalement en Amazonie et en Indonésie, a-t-elle fait valoir.

Le Parlement souhaite aussi que les banques soient soumises à des exigences supplémentaires afin de garantir que leurs activités ne contribuent pas à la déforestation. À cet égard, Benoît Lutgen (Les Engagés, PPE) a souligné que les trois Belges du PPE ont voté avec 26 autres contre la discipline du groupe, et donc en faveur de cette inclusion des banques dans le règlement, ce qui a permis à cet amendement de passer.

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