Futur de Doel 3: l'AFCN ne peut garantir l'absence de risque pour la sécurité nucléaire

L'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) a émis un avis critique sur la possibilité de modifier le calendrier de mise à l'arrêt du réacteur de Doel 3. Elle ne peut garantir qu'une telle révision ne comporte pas de risque pour la sécurité nucléaire, a-t-elle dit dans un rapport transmis à la ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden.

Les réacteurs de Doel 3
Le démantèlement de Doel 3 semble désormais inéluctable © Belga Image

La ministre a fait savoir il y a deux jours qu'elle avait demandé à l'Agence d'étudier s'il n'était pas possible de reporter la préparation du démantèlement du réacteur dont la déconnexion au réseau est annoncée pour le 23 septembre, et ceci afin de tenir compte de l'incertitude autour de l'approvisionnement énergétique.

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Elle voulait éviter que certains travaux soient déjà menés dès cette date, qui rendraient irréversible l'arrêt du réacteur. En d'autres termes, elle a ouvert la porte à une prolongation de ce réacteur, le premier qui sera arrêté dans le cadre de la loi de sortie du nucléaire.

Une phase post-opérationnelle inéluctable 

Le 23 septembre, le réacteur entrera dans une phase dite post-opérationnelle, qui précède le démantèlement proprement dit et qui peut durer de cinq à six ans. "L'AFCN ne peut pas garantir que un scénario tardif et non préparé (c'est-à-dire une adapation du planning de la phase post-opérationnelle et/ou le gel de l'installation à quelques jours seulement de l'arrêt définitif de Doel 3 ne comporte pas de risque pour la sécurité nucléaire, principalement sur l'impact drastique qu'un changement de cap soudain peut avoir sur l'organisation et les collaborateurs de l'exploitant (Engie Electrabel, ndlr)", dit l'avis signé par le directeur général, Frank Hardeman .

Et de conclure: "Une possible et très tardive décision de passer à un LTO (long term operation, c'est-à-dire une prolongation du réacteur) de la centrale n'est pas un signe de bonne gouvernance". Le gendarme du nucléaire s'interroge sur l'opportunité d'un gel des opérations. "Un gel n'a de sens que s'il y a une chance raisonnable d'un redémarrage à plus long terme, convenu avec l'exploitant", indique-t-il. Il fait remarquer qu'aucune activité préparatoire n'a eu lieu, et qu'un redémarrage n'est pas possible à court terme. "Il y a une incertitude sur le point de savoir si c'est tout simplement possible, et nous parlons d'un délai de plusieurs années".

Un débat politique

 Jeudi soir, la ministre a pourtant laissé entendre sur le plateau de Ter Zake (VRT) qu'un report était possible. Son cabinet a livré sa lecture de l'avis: "L'AFCN a confirmé qu'en théorie, il n'y a pas de nécessité de reporter certains actes aussi longtemps qu'il y a suffisamment de certitude sur la sécurité nucléaire", a-t-il indiqué vendredi. "Une décision ne peut être prise que sur la base des informations qu'Electrabel doit fournir. Un report des actes préparatoires ne signifie pas un report du démantèlement (...) Le démantèlement en lui-même n'est prévu que dans un délai de plusieurs années. Une décision sur l'opportunité d'une relance d'un LTO ne relève pas des compétences de l'AFCN. C'est une décision qui appartient au gouvernement, comme l'a expliqué la ministre hier dans Ter Zake".

Mme Verlinden maintient sa position: "Ce serait de la mauvaise gestion de laisser maintenant se dérouler des actes irréversibles si l'on veut procéder à un report de manière sûre".

Dans la majorité, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a jugé, sur la base de cet avis, que la suggestion de la ministre était réalisable. "Le courrier dit bien que c'est possible. Donc c'est possible. Et on va le faire !" a-t-il lancé sur Twitter. "Il est impératif de maintenir Doel 3. Démanteler le nucléaire serait une folie si l'on veut préserver le climat, maîtriser les prix de l'énergie et notre indépendance énergétique. Stop aux palabres, en marche maintenant !"

A l'inverse, Ecolo juge le contenu du rapport de l'AFCN suffisamment clair: "Et si on arrêtait de polémiquer pour rien? Personne ne devrait jouer avec la sûreté nucléaire", a souligné le député Samuel Cogolati.

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