Bruxelles, future poubelle de Belgique ?

C’est un phénomène particulier qui semble frapper les rues de Bruxelles. Des sacs poubelles remplis de déchets y apparaissent presque par magie. Enfin non, ils sont déposés par des wallons et flamands. La pratique a même un nom : le tourisme de poubelle.

Gestion des déchets Belgique
© Belga Image

Ce sont plusieurs endroits de Bruxelles qui sont fortement touchés par cette pratique. Ganshoren et Auderghem principalement. Dans les colonnes de la DH, on apprend que les deux principaux points noirs sont les abords de la E411 à Auderghem et l’Avenue Charles Quint dans la commune de Ganshoren. C’est là que le tourisme de poubelle serait le plus présent. Et malgré à ce constat, il n’est pas aisé d’agir, comme le souligne l’échevin Matthieu Pilois auprès de nos confrères de la DH : "On a des signes. Mais c'est très compliqué de savoir, car, quand le sac est sorti au bon moment, il n'y a pas de contrôle".

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Pour le porte-parole de Bruxelles-Propreté, cette pratique est à bannir. "Des gens achètent des sacs à Bruxelles et importent leurs déchets. C'est très pénalisant car ces personnes ne financent pas le traitement des déchets dans leur région, et ne financent pas le système bruxellois. C'est une double perte", explique-t-il à la DH. Mais pourquoi wallons et flamands semblent-ils se précipiter à Bruxelles pour jeter leurs déchets ?

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De très grosses différences de prix

Il se trouve que le prix des sacs poubelles n’est pas identique partout en Belgique. Là où un rouleau de 15 sacs coûte 1,50€ à Bruxelles, soit 10 centimes par sac de 30L, le même sac coûte 90 centimes à Wavre. 75 cents à Liège. 41 à Anvers et près d’1€25 à Malines. Ainsi, sur un an, un couple sortant une poubelle par semaine dépenserait 5,20€ à Bruxelles, face à 65€ à Malines.

Les Belges sont donc très loin d’être égaux face à leurs poubelles. Mais comment expliquer ces si grands écarts ? C’est parce qu’en Wallonie et en Flandre, la politique appliquée est celle du «pollueur-payeur» ou appelée également «coût-vérité». L’idée est donc que le contribuable (wallon ou flamand) paye donc la quasi-totalité du coût de la gestion de ses déchets pris en charge par la commune. En d’autres termes, plus le citoyen jette, plus il paye.

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Afin d’appliquer cette politique, soit les communes utilisent des conteneurs à puce, pesant donc les déchets, soit elles vendent des sacs à un prix plus onéreux, calculé de manière proportionnelle au traitement des déchets de ladite commune.

Autre région, autre politique 

Mais à Bruxelles, cette politique ne fait pas l’unanimité. Même si elle est recommandée par Bruxelles-Propreté, le basculement vers un système de « pollueur – payeur » n’est pas à l’ordre du jour pour Alain Maron (Écolo), ministre de la Propreté à Bruxelles. "Je rappelle d'abord que le sac est déjà payant. Je n'ai aucune intention de passer à un système de tarif dissuasif, car les Bruxellois ont assez à faire avec leur facture d'énergie et des sacs à tarifs élevés provoqueront plus de dépôts clandestins et de malpropreté", explique-t-il à la DH.

Dans la capitale, c'est une autre stratégie qui est mise en place. On se focalise plus sur le tri des déchets et on essaye de réduire la collecte des sac poubelles blancs. Cette nouvelle réforme n'est pas sans faire grincer les dents de certains ministres, qui craignent de voir de plus en plus de dépôts clandestins ou plus de déchets dans les rues...

Bruxelles va-t-elle devenir un véritable eldorado du déchet ? Rien ne semble en tout cas arrêter la pratique, malgré les nombreuses protestations des communes concernées…

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