

Il faut toujours se méfier de ces grands rassemblements internationaux « pour la bonne cause ». Bien souvent, ils cachent des détails peu reluisant. Voire en complet porte-à-faux par rapport à ce qu'ils sont supposés prôner. La COP27 pour le climat qui se déroulera du 6 au 18 novembre en est un bon exemple. Déjà critiquée pour avoir lieu à Sharm-el-Sheikh en Egypte, un pays qui fait peu de cas de des émissions de CO2, elle a comme « partenaire privé » (lire sponsor) principal Coca-Cola. Soit, « le plus gros pollueur de plastique au monde », selon Greenpeace.
Chaque année, Coca-Cola produit plus de 100 milliards de bouteilles de plastique, composé principalement de pétrole, « aggravant à la fois les crises du plastique et du climat », dénonce Greenpeace. Qu'est-ce qu'une telle entreprise qui a si peu à voir avec la cause climatique et est plutôt portée sur le profit avant toute chose vient faire comme sponsor de la COP27 ?
Pour Coca-Cola, « la COP27 sera l’occasion de nouer le dialogue avec des experts, des ONG, des industriels et des gouvernements, afin de soutenir des actions vers plus de durabilité sur notre chaîne de valeur ». L'entreprise y présentera ses objectifs climatiques – réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25 % d’ici à 2030 et être neutre en carbone en 2050.
C'est un classique de plus en plus répandu. Chaque année, les entreprises privées viennent en nombre à la COP pour montrer les efforts fournis et se faire passer pour plus vert que vert. Ainsi, lors de la COP26 à Glasgow l'an dernier se faisait en partenariat avec Microsoft, Unilever, ou GSK tandis que la COP24 de Katowice en Pologne, était paraînée par plusieurs entreprises nationales... de charbon et de gaz.
En réalité, ces entreprises viennent en nombre pour se substituer aux membres de la société civile et peser sur les décisions prises par les autoritéss politiques afin qu'elles soient dans le sens qui leur convient. C'est déjà ce que Greta Thunberg et nombre de militants écologistes avaient critiqué lors de la COP26 à Glasgow l'an dernier - et ce pour quoi elle ne sera pas présente à Sharm-el-Sheick, cette année. Pour elle, les COP sont devenues des machines à « greenwashing ».
Adélaïde Charlier nous expliquait ainsi il y a quelques mois: "A la COP26, on s’est vite rendu compte sur place qu’on était en minorités. Le nombre de badges distribués aux lobbyistes des entreprises en énergies fossiles dépassaient de loin toutes les autres. Avec 503 badges, c’était la plus grande délégation devant les Etats-Unis, l’Allemagne ou d’autres Etats. Ca montre bien que l’intérêt privé était bien plus présent à cette COP que l’intérêt du bien commun".
Plus concrètement, « l’influence des lobbies privés dans les COP est très importante, dit Marie Cosquer, d’Action contre la faim au Monde. Nous, société civile, avons énormément de mal à suivre ces conférences, à nous accréditer, à voyager, à nous loger. Les grandes multinationales n’ont pas ces problèmes et ne jouent pas sur le même terrain. Cela décrédibilise beaucoup cet espace multilatéral qu’est la COP. »
Elle ajoute : « C’est parce qu’il y a cette présence du secteur privé qu’on est sur la promotion de solutions technologiques, en particulier dans l’agriculture, avec des entreprises qui ont intérêt à maintenir le statu quo. Cela détourne des solutions transformatrices ». En clair, vous pouvez être sûr qu'on ne parlera pas de « décroissance » ou de « sobriété » à la COP27, mais plutôt de trouver un moyen technologique pour produire toujours plus, mais en plus « propre » - quoi que ce « propre » puisse contenir... En clair, on ne change rien au système productiviste en lui-même, même si c'est pourtant tout l'enjeu de la question climatique.