
Le sale coût écologique du streaming

On a toujours tendance à penser qu'internet est virtuel, impalpable qu'il n'est pas dans le monde physique. Rien n'est plus faux. Pour qu'internet fonctionne, il faut alimenter des data centers (des gigantesques hangars de matériels technologiques reliés les uns aux autres), des infrastructures réseaux (câbles, antennes, relais), et des terminaux (l'ordinateur, la tablette, le smartphone...). Bref, le numérique a une empreinte écologique de l'ordre de 3 à 4%, selon les études. Une empreinte qui augmente (elle était de l'ordre de 2,5% en 2013). La raison ? Le streaming.
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Le coût écologique du streaming
Le streaming, et particulièrement le streaming vidéo, est très gourmande en bande-passante. On estime aujourd'hui que la VOD compte pour 80% du trafic internet mondial ! Regarder Netflix pendant 2h30 équivaut à 1 kg de CO2 envoyé dans l'atmosphère. En prenant en compte que Netflix comptabilise 200 millions d'utilisateurs, ça fait son lot de molécules... Selon le Think Tank The Shift Project, en 2018, la VOD comptait pour 1% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Soit l'empreinte carbone de l'Espagne...
Le streaming audio a aussi un coûté écologique. Des chercheurs de l'Université de Zurich ont calculé que les 4,6 milliards d'écoutes du tube « Despacito » (qui en est aujourd'hui à 8 milliards...) équivalait à la consommation électrique annuelle réunie de cinq pays (certes petits émetteurs) : la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, la Somalie, la Centrafrique et le Tchad.
Qu'est-ce qui pollue ?
Le streaming est-il forcément plus polluant qu'un CD ou un Blu-Ray ? En fait, c'est un peu plus compliqué que cela. Ca dépend de l'intensité d'usage. En clair, si vous n'écoutez qu'une fois un disque, autant le faire en streaming. Si vous l'écoutez régulièrement pendant longtemps, mieux vaut l'acheter en CD ou vinyle. Mais, selon l'Agence de transition écologique (Ademe), « La numérisation des services culturels complexifie et multiplie les équipements nécessaires. Ces équipements, qui nécessitent une large variété de matières premières et de métaux, génèrent des impacts non négligeables sur tous les indicateurs ».
Qu'est-ce qui pollue vraiment avec internet ? Pour un quart, l'alimentation des data centers, pour un autre quart, le réseau de connexion (câbles, relais, antennes...) et pour une moitié grandissante, l'équipement – ou plutôt, les matériaux qu'il faut pour fabriquer les ordinateurs, tablettes et smartphones. Des métaux rares et très rares comme le lithium ou le cobalt qui doivent être dénichés dans les mines en Asie, Afrique et Amérique latine... Ainsi, le fait de changer de smartphone tous les trois ans est une aberration totale, un crime écologique.
Comment réduire son empreinte numérique ?
Ainsi, parmi les solutions de tous les jours et en attendant de plus grands actes, que peut-on faire pour réduire son empreinte numérique ? Arrêter de streamer est peine perdue. Mais on peut regarder une vidéo dans des qualités inférieures, surtout si c'est sur un petit objet – quel intérêt de chercher la 4K ou la HD ? Télécharger sa musique avant de l'écouter dans le bus plutôt que de le faire sur la 4G – laquelle est beaucoup plus énergivore que le Wi-Fi. Et éviter de regarder toutes les vidéos stupides que nos amis nous envoient sur What'sApp...
A un autre niveau, certains demandent de légiférer pour interdire les auto-play (ces vidéos qui démarrent toutes seules quand vous surfez sur un site internet). Et surtout, garder ses équipements le plus longtemps possible ! Car il est très difficile de recycler les différents matériaux qui constituent un smartphone. Bref, il s'agit de faire preuve d'une certaine sobriété technologique.