Les capsules de café autorisées dans les sacs PMC : pourquoi il ne faut pas s'en réjouir trop vite

Les capsules pourront être jetées dans les poubelles PMC dès le premier janvier. C’est un véritable progrès, mais qui ne rend pas le café durable pour autant. Pour cela, il faut revoir nos habitudes de consommation.

capsules de café
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Vous êtes plutôt café moulu, en grains ou en capsules? En Europe occidentale, ces dernières séduisent désormais autant que les cafés filtrés. Une question de goût, peut-être, ou de facilité. Cela n'est évidemment pas sans conséquences. Sachant que 14 millions de tasses sont bues quotidiennement en Belgique selon le bureau GfK, cela représente un sacré paquet d’emballages. Une enquête du Guardian a démontré que 20 milliards de capsules individuelles étaient utilisées chaque année dans le monde. En aluminium et en plastique, elles sont difficiles à recycler. Les trois quarts finiraient à la décharge. Il leur faudrait 500 ans pour se décomposer, mais elles sont le plus souvent incinérées.

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Elles seront bientôt recyclées massivement. À partir du 1er janvier 2023, les capsules Nespresso, Nestlé (Starbucks, Nescafé) ou encore JDE Peet’s (L’Or et Egberts) pourront être jetées dans les sacs-poubelles PMC. “Lors des premiers tests dans les centres de tri, les capsules en aluminium se sont avérées trop petites pour être captées dans le processus standard. Elles se retrouvaient donc dans le flux résiduel. Grâce à un investissement supplémentaire, elles peuvent désormais être récupérées de ce flux résiduel”, se réjouit Fost Plus. L’organisation du tri et du recyclage espère récupérer 3.000 tonnes d’aluminium par an. L’alu recyclé servira à fabriquer de nouvelles capsules ou dosettes.

Par ailleurs, 1.500 tonnes de plastiques devraient être récupérées et réutilisées pour la fabrication d’objets divers. Leur recyclage est beaucoup plus complexe, car elles sont composées d’un mélange de différents types de plastiques et avec des tailles, des formes et des couleurs variées. “Néanmoins, nous sommes déjà en mesure à l’heure actuelle d’en inclure une part importante dans les flux existants de polypropylène et de plastiques mixtes. Pour la fraction résiduelle, nous explorons différentes pistes en vue de poursuivre l’optimisation des processus de tri.

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Même recyclées, les capsules ne représentent pas le choix le plus écoresponsable. Certes, des études tendent à prouver qu’elles sont plus durables que le café moulu, notamment car les doses uniques impliquent moins de gaspillage de matières premières. Mais cette réalité ne comblerait pas la production de déchets ni l’empreinte environnementale du recyclage. C’est pourquoi la ministre de l’Environnement Zakia Khattabi (Écolo) entend interdire strictement les capsules à café à usage unique contenant du plastique ou de l’aluminium. Cela s’inscrit dans le cadre du projet d’arrêté royal “visant à limiter la mise sur le marché des produits à usage unique nocifs pour l’environnement”. De son côté, la Commission européenne, dans ses propositions sur les déchets d’emballages, envisage d’interdire les capsules qui ne sont pas compostables.

L'anecdote

Une tasse de café produit en moyenne, selon les études, entre 80 et 150 g de CO2. La fabrication d’une capsule en aluminium serait responsable de 5 à 15 g de CO2. Cette estimation ne prend pas en compte le traitement du déchet.

café

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La solution du biodégradable

La majorité des dosettes et capsules sont composées d’aluminium et de plastique. Même si ces matières deviennent recyclables, elles ne sont pas idéales puisque le processus de recyclage est énergivore. C’est pourquoi Nespresso, notamment, lance des dosettes à base de papier compostable en 2023 en France et en Suisse. D’autres marques commercialisent des dosettes biodégradables comme Segafredo ou StasCafe. Pour Nespresso toutefois, ce n’est pas la panacée. Une analyse du cycle de vie réalisée en interne que Moustique a consultée conclut que “la consommation d’une tasse de café lungo de 110 ml préparée avec le système Nespresso en France présente un impact environnemental similaire à celui d’une tasse de café filtré ou d’un café à l’italienne”.

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Le café, fléau global?

Dans l’éco-bilan d’une tasse, le café représente 70 % de l’impact environnemental. Le mieux est donc de limiter sa consommation et de se tourner vers des produits labellisés”, soutient Renaud De Bruyn, spécialiste “alimentation” chez Écoconso. Une tasse moyenne représente une empreinte carbone de 5 kg de CO2 par kg de café, dont 2 à 3 kg pour la production et le transport. Le reste concerne la transformation, la torréfaction, l’emballage, la distribution en Europe, etc. “La meilleure façon de faire du café n’en demeure pas moins d’éviter les emballages et les capsules.” Selon l’expert, l’argument de la capsule antigaspillage ne tient pas la route. “Il est possible de connaître la quantité exacte de café nécessaire.”

La victoire du marketing

Pourquoi les capsules et dosettes se sont-elles imposées en Occident? Dans les années 70, l’ingénieur suisse Éric Favre a intégré le département de recherche et de développement de Nestlé avec une idée en tête: permettre à chacun de préparer le meilleur expresso italien possible à la maison. Il a rencontré un barista italien qui lui a expliqué sa recette, et lui a développé une capsule répondant aux indications. La première capsule Nespresso est commercialisée en 1986. C’est un flop. Nespresso met alors au point une stratégie marketing redoutable: le Mass and Prestige. La filiale de Nestlé augmente les prix, trouve des icônes comme George Clooney pour incarner la marque, communique massivement tout en limitant l’accès aux capsules pour créer de l’envie. Depuis, c’est le succès.

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