Saint-Valentin: l'affreux bilan carbone des roses et d'autres fleurs importées

Du fait de leur production et de leur transport, les fleurs importées, dont les roses, ont un poids environnemental énorme. De quoi envisager l'achat de fleurs alternatives.

Roses à Chongqing
10.000 roses étalées devant un centre commercial de Chongqing (Chine) le 12 février 2023 ©BelgaImage

S'il y a bien un cadeau star à la Saint-Valentin, c'est le bouquet de rose. C'est rouge, ça sent bon, c'est beau. Bref, le symbole parfait de l'amour. Mais offrir cette fleur le 14 février, c'est aussi une énorme aberration écologique. Car chez nous, elle est naturellement disponible en été et en automne, pas en hiver. Comme le précise à la DH la patronne d'une fleuristerie, Hélène Deudon, près de "85% des fleurs vendues en Belgique à la Saint-Valentin sont importées", et c'est notamment le cas des roses. Mais outre le poids carbone du transport, d'autres facteurs plombent lourdement leur bilan environnemental là où elles sont produites.

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Un énorme coût écologique de bout en bout de la production

Le premier producteur mondial de fleurs, c'est de loin les Pays-Bas. Alors oui, ce n'est pas loin de la Belgique, donc le coût écologique du transport est limité dans notre cas, mais il n'y a pas que ça. Premier souci: les fleurs hollandaises sont elles-mêmes parfois d'abord importées depuis les tropiques (notamment du Kenya, d'Éthiopie et de Colombie). Cela permet de profiter du soleil du sud mais aussi de la main d'œuvre moins cher et d'une règlementation de production plus laxiste (non seulement sur les conditions de travail mais aussi sur l'utilisation de pesticides, etc.). Autrement dit, ce commerce ne représente un exemple ni en termes humains, ni en termes environnemental.

Aux Pays-Bas, les problèmes ne s'arrêtent pas là. Pour inonder le marché de fleurs hollandaises, celles-ci sont entreposées dans des serres qui sont à la fois chauffées et éclairées 20 heures par jour. Des infrastructures qui sont évidemment très énergivores. Au final, selon Le Monde, le bilan carbone total d'une seule rose équivaudrait à un kilo de CO², soit 10 km en voiture. Un chiffre qui doit évidemment être multiplié par le nombre de fleurs que contient votre bouquet final. "Résultat : peu importe où il a été cultivé, un bouquet de roses a une empreinte CO2 équivalente à celle d'un vol Paris-Londres", selon Hélène Deudon.

Des recherches montrent aussi la haute dose de pesticides utilisée pour entretenir les fleurs coupées. Selon une enquête réalisée par Greenpeace en 2014, 97,6% des échantillons européens analysés présentaient des traces de 76 pesticides différents, dont 14% étaient interdits sur notre continent. Un problème qui touche aussi les ventes belges, comme l'a remarqué une étude de Gembloux Agro Bio-Tech qui a repéré une centaine de résidus de pesticides sur les fleurs puis sur les mains des fleuristes, dont près de 70 qui se sont retrouvés ensuite dans les urines de ces derniers. Face à ces concentrations qualifiées de "très élevées", les scientifiques de Gembloux recommandent même aux fleuristes de suivre des consignes de sécurité pour éviter d'être exposé (port de gants, lavage régulier des mains, etc.).

Au lieu d'une rose, adoptez le mouvement "slow flowers"

Malgré tous ces inconvénients, les fleurs importées, au premier rang desquels on trouve les roses, sont toujours aussi populaires. "On sera toujours obligé d’avoir des roses parce qu’il y a toujours des gens qui en veulent mais on aimerait en avoir de moins en moins", se désole une fleuriste de Nantes à la chaîne française Radio Classique. "En plus, ils vont payer cher pour des roses qui vont tenir moins longtemps que d’habitude au lieu de durer 2,5 semaines elles vont durer 1 semaine à 1,5 semaine".

Est-ce que cela veut dire qu'il faut abandonner l'idée des fleurs à la Saint-Valentin? Pas forcément. Pour répondre à ces envies florales du 14 février tout en limitant le bilan carbone, des fleuristes ont créé le mouvement "slow flowers". Le principe: acheter local et de saison, le tout sans pesticides. Parmi les fleurs que l'on peut trouver à cette période de l'année, on a évidemment le perce-neige mais aussi l'hellébore ainsi que certaines sortes de mimosas, de camélias et de jasmins d'hiver.

Hellébores

Des Hellébores ©BelgaImage

Mimosa d'hiver

Du mimosa d'hiver, dans le massif du Tanneron (France) le 9 février 2020 ©BelgaImage

Perce-neige

Des perce-neige le 2 février 2023 à Kew (Royaume-Uni) ©BelgaImage

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