L'ornithologie de plus en plus tendance : nos conseils pour observer les oiseaux dans les Cantons de l'Est

Les Hautes Fagnes sont des landes, des tourbières et des forêts créées par la décomposition des végétaux. Formées il y a 7.500 ans, elles abritent, sur 5.000 hectares, une flore et une faune appréciant particulièrement leur climat plutôt froid et humide. La région attire les amateurs d’oiseaux qui adorent nicher ici, notamment dans les Fagnes des Cantons de l’Est. “Le printemps est vraiment la meilleure saison pour observer les oiseaux”, explique l’ingénieur agronome Gerhard Reuter, œuvrant à Aves Ostkantone, une association sœur de Natagora, implantée à Saint-Vith sur le haut plateau des Fagnes. Son but? “Montrer les relations entre les oiseaux, les insectes, les plantes et la beauté de cette nature, pour sensibiliser le public - des enfants aux seniors - à la protection de la nature.” Dès les premiers beaux jours, les fans d’oiseaux et de nature s’en vont arpenter, jumelles, appareil photo ou smartphone en bandoulière, tous les ­sentiers, recouverts de bois et de tourbières. Cette tourbe qui fut longtemps la source de chauffage pour la population.

Ici, la nature reste intacte grâce à des mesures de protection en vigueur depuis 1957. On ne s’étonnera donc pas que des oiseaux nicheurs et migrateurs aient trouvé - et trouvent toujours - à leur goût les lieux pour y fonder une famille. N’est-il pas déjà trop tard, en mai, pour les voir et les prendre en photo? “Tout est possible, sourit Gerhard Reuter, il y a des nichées tardives jusqu’en juin.” Et de nous citer le pipit des arbres ou encore un petit passereau appelé le traquet pâtre et aussi le milan royal. Est-ce à dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans les Fagnes? “Non, répond notre guide. Il y a des prédations par le renard, par les rapaces.”

Nature et drague

La réserve naturelle abrite aussi le tétras-lyre, également appelé petit coq de bruyère. Ses pattes sont courtes et emplumées. Plutôt végétarien, il se nourrit de feuilles et de graines, mais apprécie aussi quelques insectes. L’oiseau doit son nom à la forme en lyre que prend la queue à ­plumes des mâles lorsqu’ils se retrouvent tous les ans sur des espaces dégagés, pour séduire une compagne. Il s’agit de véritables parades nuptiales. Ils se mesurent, se provoquent. Et pendant ce temps-là, les poules vagabondent et finissent par choisir leur partenaire et s’accoupler. Drague et astuces efficaces de la nature? Pas vraiment. “En tout état de cause, il faut reconnaître, explique Gerhard Reuter, que cela n’a pas empêché ­récemment le taux de population des tétras d’être au plus bas en Belgique.” L’oiseau est menacé dans nos régions, même s’il est malin et qu’à force de côtoyer le monde des humains, il peut désormais parfois imiter à s’y méprendre les cris de bébés.

Dans une nature préservée, on peut observer
le tétras-lyre, aussi appelé petit coq de bruyère. © Adobe Stock

Quoi qu’il en soit, pour faire le job et éviter l’extinction de l’espèce en 2017, quelques beaux spécimens venus de Suède ont été introduits dans les Fagnes notamment par l’Université de Liège très concernée, en collaboration notamment avec l’Institut des Sciences naturelles de Bruxelles, le Service public de Wallonie et d’autres partenaires publics et privés. Affaire à suivre donc, d’autant que ce bel oiseau-lyre, aussi appelé le petit coq de bruyère, est l’emblème de nos Fagnes et nous ramène en quelque sorte aux préoccupations écologiques de notre époque.

Ne rien cueillir

Cela étant, se promener dans les Fagnes est un plaisir et doit le rester. Il faut continuer à s’y ­promener sur caillebotis et sur pistes balisées et sécurisées. Regarder la flore aussi, ne rien cueillir, repérer quelques plantes rares, des orchidées par exemple ou encore le drosera, une plante carnivore, le tout à emporter… uniquement via son smartphone ou son appareil photo. Bon à savoir encore, certaines zones du Parc naturel des Hautes Fagnes ne sont accessibles qu’avec un guide accrédité et d’autres sont carrément interdites. Se renseigner donc avant la visite. Et pour que la balade ne vous laisse pas de désagréables souvenirs, prévoir des chaussures de marche est toujours plus prudent.