
Les conséquences invisibles des activités humaines sur la biodiversité

L'humanité est devenue une "arme d'extinction massive" et il est temps de cesser notre "guerre à la nature", déclarait le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à la veille de la COP15 sur la biodiversité en décembre dernier.
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Migration de nombreuses espèces, déclin ou extinction de nombreuses populations… La COP15 a mis en lumière les conséquences des activités humaines sur la faune et la flore. Ces conséquences ne sont pas toujours visibles et certaines espèces s’adaptent… jusqu’à un certain point : « C’est notamment le cas des plantes, qui n’ont pas l’option d’éviter les perturbations de leur environnement en se déplaçant, et doivent donc subir les conséquences des activités humaines », expliquent plusieurs scientifiques canadiens dans The Conversation.
« La capacité d’adaptation des plantes est une arme à double tranchant. D’un côté, elle permet de retarder le déclin des populations dû aux activités humaines. De l’autre, elle peut nous conduire à sous-estimer les conséquences des activités humaines sur l’environnement. Ni vu, ni connu ! », ajoutent-ils.
Les plantes réagissent à la perturbation de leur habitat
De plus, cette adaptation peut modifier les propriétés nutritionnelles et médicinales des plantes, qui produisent des composés chimiques en réaction aux perturbations de leur habitat : « Les personnes dont l’alimentation est constituée de plantes sauvages sont particulièrement touchées par les changements de composition chimique induits par leur adaptation aux perturbations. C’est le cas des communautés autochtones, qui cueillent des dizaines d’espèces sur leurs territoires traditionnels pour usages alimentaires et médicinaux ».
Les scientifiques ont étudié les feuilles du thé du Labrador, utilisées sous forme d’infusion pour traiter de nombreux maux par les populations autochtones du Canada. Les vertus de ses feuilles sont attribuables à des antioxydants : les flavonoïdes.
Le passage de lignes de transport hydroélectrique et l’exploitation de sites miniers perturbent l’environnement de ses plantes : « Les lignes de transport hydroélectrique provoquent une ouverture artificielle de la forêt, qui surexpose les plantes au soleil. Les sites miniers génèrent quant à eux une pollution aux métaux lourds », expliquent les chercheurs. Dans les deux cas, les plantes se sont adaptées et ont continué à produire des flavonoïdes.
Les scientifiques ont analysé la composition chimique de plants de thé du Labrador sur les territoires autochtones. Les plantes qui se trouvaient sous les lignes de transport hydroélectrique produisent davantage de flavonoïdes pour se protéger du soleil, tandis que celles qui se trouvaient à proximité des sites miniers en produisaient moins en raison d’une dégradation de leur métabolisme par les métaux lourds.
« L’analyse des flavonoïdes ne fournit qu’une partie de l’histoire, et d’autres analyses, notamment sur la teneur en polluants des plantes, doivent être réalisées pour avoir un portrait complet des effets des perturbations sur les propriétés des plantes », indiquent-ils. « Les perturbations humaines affectent à la fois les plantes, les bénéfices qu’elles fournissent et les savoirs autochtones qui en dépendent ».
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