

Vagues de chaleur, feux de forêt, fortes précipitations, sécheresses, tempêtes, etc. Evidemment, le réchauffement climatique affecte la terre entière. Mais pas de la même façon, selon qu’on habite à Oslo ou dans la Corne de l’Afrique, que l’on soit riche ou sans le sou, que l'on habite dans les villes ou à la campagne…
L’intérêt d’une récente étude publiée dans la revue médicale The Lancet est justement de lier dérèglements du climat et santé humaine. Dirigée par l’University College de Londres, cette étude dresse des projections de mortalité dans les différents pays du globe, à l’horizon 2050.
Et rappelle un paradoxe : alors que les pays de l’hémisphère nord représentent seulement 14 % de la population mondiale, ils sont responsables de 92 % des émissions de CO2, sur la période allant de 1850 à 2015. Tandis que le Nord se gave, le Sud déguste autrement ; selon les chiffres relayés par les chercheurs, sur les quelque 400 000 décès causés par le changement climatique dans le monde en 2010, 98 % étaient survenus dans les pays du Sud.
En combinant notamment les risques de maladies calculés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avec les projections de population humaine réalisées par l'ONU, les chercheurs montrent, cartes à l’appui, que les pays de l’hémisphère sud vont souffrir davantage des effets du changement climatique.
«Ces cartes visualisent le fardeau disproportionné de la maladie et de la mortalité dû au changement climatique auquel sont confrontés les pays du Sud», commentent les auteurs.
La mortalité estimée en 2050 est cartographiée pour quatre cause : les cas de maladie diarrhéique (enfants de moins de 15 ans) et de paludisme liés au changement climatique, les coups de chaleur (plus de 65 ans) et enfin la sous-nutrition (moins de 5 ans).
En croisant ces différentes données, les chercheurs pointent les 6 pays, tous africains, les plus concernés par la hausse de la mortalité liée au climat. À savoir :
Les inégalités Nord-Sud ici dénoncées sont renforcées selon différents facteurs, comme l’identité ethnique ou le statut migratoire. «Nous avons constaté que les groupes racialement minoritaires, les migrants, et les communautés autochtones font face à un fardeau disproportionné de maladies et de mortalité en raison du changement climatique dans différents contextes», ajoutent les chercheurs.
Au sein d’un même pays aussi, les effets du réchauffement climatique peuvent être très différents, en fonction des populations envisagées. Comme au Bangladesh, où les déplacés d’origine rurale risquent de finir par se retrouver dans des zones soumises aux inondations.
L’étude souligne aussi que les températures sont plus élevées dans les villes américaines celles comptant les plus grandes proportions de population noire, hispanique et asiatique, comparé à celles davantage peuplées d’habitants blancs.
Plus globalement, l’augmentation rapide des températures – la température moyenne à la surface du globe est supérieure de 1,1 °C à la période préindustrielle, et les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées –, implique que les populations vulnérables, telles que les personnes de plus de 65 ans et les enfants de moins de 1 an, sont de plus en plus longtemps soumises à des températures élevées.
Par exemple en Europe, où l’exposition de la population aux vagues de chaleur a augmenté de 57 % en moyenne au cours de la période 2010-2019 par rapport à la décennie précédente, révélait une autre étude parue dans The Lancet, en 2022. Ces coups de chaud ont des impacts directs sur la santé : aggravation des maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, détérioration du sommeil et de la santé mentale, augmentation des morts à la suite de blessures, etc.
La mortalité liée à la chaleur a augmenté de 68 % entre 2017 et 2021 par rapport à la période 2000-2004, chiffrait également l’étude parue en 2022. Qui alertait : en Europe, si ces tendances se maintiennent, les décès lors des vagues de chaleur pourraient doubler en trente-quatre ans.