«Heat seekers» : dans la vallée de la Mort, le désespérant tourisme de la chaleur

Les «chasseurs de températures extrêmes » se ruent à la frontière entre la Californie et le Nevada, en espérant y capturer un «précieux» selfie.

«Heat seekers» : dans la vallée de la Mort, le désespérant tourisme de la chaleur
à Furnace Creek, le 16 juillet 2023 @BELGAIMAGE

129, 130, 131°F ( soit 55°Celsius)… À la mi-juillet, plusieurs dizaines de personnes se sont immortalisées avec leur smartphone à Furnace Creek, à mesure que le thermomètre s’affolait et affichait des températures toujours plus insensées. Avant de mettre à l’abri les neurones qui leur restaient, dans les locaux de l’office de tourisme ou dans leur véhicule. Climatisé, bien sûr.

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Au milieu de chaînes de montagnes escarpées, à la frontière entre la Californie et le Nevada, la Vallée de la Mort (Death Valley) attire chaque année plus d’un million de visiteurs. Depuis qu’une canicule persistante fait fondre les Etats-Unis, ce parc national, bassin désertique de roches et de sables, est témoin d’une affluence de touristes d’un nouveau genre : les «heat seekers» soit les «chasseurs de températures extrêmes».

Alors que le mois de juillet pourrait s’avérer le plus chaud jamais enregistré sur Terre, leur objectif est de se rendre au milieu du désert et d’espérer voir s’afficher un record de température, sur un thermomètre exposé plein soleil. Sans oublier, évidemment, de s’y prendre en selfie.

 

 

Lieu le plus chaud de la planète

Le secteur de Furnace Creek, dans la vallée de la Mort, est en effet réputé comme le lieu le plus chaud sur la planète. Officiellement, un record de température y a été enregistré en 1913 : 134° Fahrenheit (56,6°C). «Une personne peut battre un record à tout moment», justifiait Billyjack Jory, étudiant en géologie à l'université de Californie. «Mais voir la Terre battre un record, c'est un spectacle à voir».

«C’est super excitant», livrait tout sourire une autre touriste au micro de Reuters. Mais qu’est-ce qui peut bien motiver ces «heat seekers» ? Peut-on y voir autre chose qu’un «ego-trip» affligeant et/ou de la pure bêtise (à l’image de cet Américain qui depuis plus de dix se rend dans la vallée de la Mort pour y courir un mile déguisé en Dark Vador) ?

Dans Ouest-France, la psychosociologue Gabrielle Rolland voyait chez ces touristes de l’extrême une «peur du réchauffement climatique». Ceux-ci voulant montrer qu’ils «arrivent à dompter la canicule et leur peur» et qu'ils «assument l’événement», qu'ils sont «témoins» et «en avance» sur leur temps….

 

 

 

Mais jouer avec la chaleur a un prix. Il faisait 49,4 °C lorsqu’un septuagénaire américain s'est effondré en pleine vallée de la Mort, mardi 18 juillet. Peu après, l'homme est décédé, et «la chaleur a probablement joué un rôle dans sa mort», ont déclaré les autorités. Deux semaines avant ce drame, un homme âgé de 65 ans avait été retrouvé mort dans sa voiture. La climatisation de son véhicule semblait défectueuse.

En réaction aux selfies publiés par des «heat seekers» sur les réseaux sociaux, certains internautes n’ont pu s’empêcher de les comparer à des «dinosaures qui poseraient pour la photo devant un astéroïde »...

 

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