"L'effondrement climatique a commencé" : l'été aura été le plus chaud sur Terre depuis 120.000 ans

Le terre brûle, et ce n'est plus seulement une image choc. L'été 2023 a englouti des milliers d'hectares de forêts.

 L'effondrement climatique a commencé  : l'été aura été le plus chaud sur Terre depuis 120.000 ans
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La Une de Libération pourrait être l'affiche du dernier Western de King Vidor et William Dieterle. Comme une suite de Duel au soleil. Il ne manque qu'un chapeau Stetson vissé sur le crâne d'un de ces hommes aux pantalons effilochés, montés sur un Mustang. Ici, perdu dans l'orange du Cagnard, seul un oiseau vole encore. "L'effondrement climatique a commencé". Un film qui se joue sous nos yeux. Sans caméra. Mais dont le scénario est tissé de fil blanc. Une sorte de lessiveuse infernale qui tourne toujours plus vite, à mesure que le temps passe.

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Ces mots prennent encore une autre résonance lorsqu'ils sont prononcés par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Un nouvel appel à un ultime sursaut. La formule est étayée. Appuyée par le constat présenté par l'observatoire européen du climat Copernicus. "Juin, juillet et août ont été les trois mois les plus chauds depuis environ 120.000 ans, c'est à dire depuis le début de l'histoire de l'humanité", a révélé Samantha Burgess, cheffe adjointe du centre d'observation. Le thermomètre terrestre s'est affolé en de nombreux points. 16,77°C en moyenne, sur ces trois derniers mois, c'est 0,66°C au-dessus de la moyenne sur la période 1991-2000, déjà marquée par le réchauffement climatique, rappelle le quotidien français. En Europe, ces valeurs grimpent même à 19,63°C, présentant une augmentation de 0,83°C sur la même période.

Ces chiffres paraissent impalpables. Mais au terme d'un été bouillonnant, les âmes sont marquées. Des dizaines de milliers de Canadiens ont fuit leur habitation, la faute à des feux de forêts incontrôlables. Même situation en Grèce, en Espagne, à Hawaï. Plus de 15 millions d'hectares sont partis en fumée rien qu'au Canada. L'équivalent de la moitié de l'Italie. Mais surtout, c'est le record de la plus grande surface brûlée en un an qui va être pulvérisé. Il remonte à 2021 et s'élevait à 9,3 millions d'hectares. La terre brûle, et c'est bien plus qu'une image. Mais dans le même temps, la terre se noie aussi. Après les feux, la Grèce a vécu les pieds dans l'eau. Tout comme la Bulgarie et la Turquie où 12 personnes ont perdu la vie, emportées par les flots.

Si ce dernier semestre a connu une envolée spectaculaire des températures, c'est en réalité l'ensemble de l'année 2023 qui pourrait être tristement classée comme "l'année la plus chaude que l'humanité ait connue", confie Samantha Burgess. Cela nous fait entrer un cercle vicieux. Une machine gloutonne qui s'auto alimente. Avec le réchauffement des eaux, cela "entraîne celui de l'atmosphère et augmente l'humidité, ce qui provoque des précipitations plus intenses et une augmentation de l'énergie disponible pour les cyclones tropicaux. Tant que nous ne cesseront pas d'émettre des gaz à effet de serre nous continuerons d'enregistrer des records climatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes plus intenses et plus fréquents, qui auront un impact sur la société et les écosystèmes."

Rien de neuf sous le soleil en réalité. Ces données et ces constats sont connus, répétés pour presque s'ériger en lapalissade.

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