
Quand les mesures anti-Covid tuent la vie des familles

Avant un nouveau Comité de concertation où il sera beaucoup question de terrasse de restaurants, de métiers de contact et peut-être d’un zeste de culture, on se repose la question symbolique de mai 2020 : peut-on encore privilégier l’économie au détriment de la fête des mères et des grands-parents? Sans dommage, certainement pas! Parce que 13 mois de confinement ont passé. Certes tout le monde déguste, mais certains en parlent plus. Et il n’y a pas de hasard, ils sont davantage écoutés.
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Alors que chaque secteur fait grogner ses porte-paroles et menacent, parfois avec des complicités politiques, de reprendre leurs activités quoi qu’il en coûte, les familles n’ont personne pour rappeler des souffrances aussi mesurables que des déficits de chiffres d’affaire. Deuils et culpabilités impossibles à surmonter, baby flop mais boom des divorces dans les couples, explosions des troubles alimentaires chez les ados, tentatives de suicide partout à la hausse, triplement des appels pour violences intrafamiliales alors que, chaque année "ordinaire", 50 000 dossiers sont déjà portés devant la justice. Il faut aussi rappeler que 65% des décès de la première vague se sont passés dans le quasi-abandon de maisons de repos fermées à double tour.
Sophie Wilmès ouvre son cœur
Même une famille cimentée par l'amour n'est pas faite pour vivre ensemble 24h sur 24, pas plus que nous ne pouvons vivre seul. Le gouvernement a pourtant pris des décisions que la pandémie éternise. Il n’avait peut-être pas le choix, mais il n’a pas non plus pris de précaution. Ce sacrifice inconscient (espérons-le) était inévitable quand on n’est pas insensible aux pressions économiques, qu’on s'entoure de spécialistes de la santé qui rêvent, surtout au Nord du pays, au "Zéro Covid", mais qu’on tient à l’écart des experts psychologues, sociologues ou des organismes comme la Ligue des familles.
Bien sûr, Sainte Sophie Wilmès (à nouveau en couverture de Paris-Match pour laisser parler son cœur) a très tôt corrigé sa communication, les autres ont suivi. Mais au fond, à côté d’une empathie revendiquée de circonstances, il n’y a eu que des appels à respecter les décisions pour préserver ses aînés et les chances de se retrouver un jour ou l’autre. Dans cette communication, on a même éclairci le tableau. Où sont passés les célibataires, les couples séparés par des frontières, les familles monoparentales ou divorcées, les familles dysfonctionnelles où agresseurs et victimes sont enfermés en permanence, celles qui habitent dans des appartements trop petits, celles qui n’ont ni jardin, ni ordinateur?
64 milliards pour Jeff "Amazon" Bezos
Les mesures sanitaires ont fait le bonheur des milliardaires, jamais aussi nombreux (660 de plus, une augmentation de 30%) et 64 milliards sont venus s’ajouter à la fortune de Jeff "Amazon" Bezos. Elles ont même dopé l’épargne des ménages préservés (+ 30 milliards en Belgique, une augmentation de 8%). Mais la crise aussi doublé la population qui risque de basculer dans la pauvreté ou l'exclusion sociale, passée chez nous de 20 à 40%.
La famille est indispensable aux individus et à notre société, mais contrairement aux domaines du travail ou des loisirs, elle n’a pas de valeur économique. Elle n’a donc pas de représentant. Dans son dossier, Moustique se fait un peu le syndicat des familles. Puisque personne ne s’en charge, il raconte l’anxiété générale, les tensions qui montent quand les compensations sont interdites, la vie dans les 70% des logements trop exigus des grandes villes, les appels au secours, la consommation d’alcool et de drogues, les exutoires violents et sexuels. L’espoir aussi. Que nos gouvernements pensent dès aujourd’hui à sauver les familles, d’autant que demain, on peut prédire qu’en réaction, les valeurs familiales vont prendre plus d'importance que jamais.