
Les inégalités de sexe se font aussi sentir pendant les voyages

C’est l’été et nombreux seront ceux à partir en vacances pour prendre du repos. Du repos? Oui, mais manifestement plus pour les hommes que pour les femmes! C’est le constat désolant que fait l’institut Ifop en réalisant un sondage en France auprès de 1.099 personnes majeures pour le site Voyage avec nous. Car si les inégalités entre les sexes se fait déjà fortement sentir dans la vie quotidienne, cela ne change pas pour les voyages. 66% des femmes déclarent ainsi en avoir fait plus que leur conjoint dans la préparation et l’organisation des congés. Il y a même un pic à 88% pour celles âgées entre 25 et 34 ans (et un minimum à 58% entre 35 et 49 ans). 43% en font même beaucoup plus. Un résultat qui devient encore plus concret quand on développe tâche par tâche, les hommes n'arrivant premiers que dans de très rares cas.
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Les femmes préparent le voyage (mais ne conduisent pas la voiture)
Les inégalités se font sentir avant même le voyage. Car quand il s'agit de lancer le processus de préparation des vacances, ce sont déjà beaucoup plus les femmes qui sont à la manœuvre, à hauteur de 56% contre 31% pour les hommes. Idem pour le choix du lieu d'hébergement (48% contre 26%) et le choix de la destination et/ou l'organisation du trajet (37% contre 26%).
Par contre, dès qu'il est question de transports, les hommes veulent participer. Cela se voit déjà avec l'achat des billets de transport où l'écart est plus faible. Les femmes s'en occupent à hauteur de 50%, les hommes à 44%. Et quand il s'agit de conduire le véhicule, clairement, cela reste une affaire virile. 58% des hommes ont à cœur de s'occuper de cette tâche (18% pour les femmes).
Pour François Kraus, directeur du pôle «Genre, sexualité et santé sexuelle» à l’Ifop, c'est le signe que la voiture «demeure une chasse gardée masculine». «L’automobile est un objet de pouvoir, de prestige et de contrôle, trop chargé symboliquement pour que son partage entre les deux sexes ne soit pas perçu comme une remise en cause de leur virilité. Il y a une forme d’expertise attribuée de facto aux hommes», ajoute-il auprès du journal Libération.
Moins en vacances que les hommes
Une fois arrivé à destination, qu'importe la nature de la tâche, les femmes sont toujours les plus sollicitées, parfois de très loin. L'exemple le plus frappant est le ménage: elles sont 53% à prendre plus ce domaine à leur charge, contre 15% pour les hommes. Elles sont également deux fois plus nombreuses que leur conjoint pour tout ce qui concerne la préparation des repas, des courses et même le choix des activités de loisirs ou encore la gestion des photos et des souvenirs. L'écart n'est qu'un peu plus faible lorsqu'il s'agit de choisir le restaurant (28% pour les femmes, 19% pour les hommes) ou encore pour tenir le budget global des vacances (respectivement 49% et 33%).
Mais tout ça, c'est en oubliant de parler des enfants. Si on les prend en compte, les inégalités explosent littéralement. Elles sont 75% voire plus encore à s'occuper du linge des bambins, de leurs valises, de leurs vêtements ou encore de la trousse à pharmacie. Pour tout le reste, elles sont environ 50-55% (contre 10-15% pour les hommes) à prendre leurs jeux, leurs biberons et doudous, leurs aliments mais aussi encore une fois à préparer leurs repas, à organiser leurs activités et à suivre leur suivi éducatif quand il y a par exemple des carnets de vacances.
Des inégalités omniprésentes
Ce sondage ne fait que confirmer une situation globale. Que ce soit à la maison, au travail, en vacances ou ailleurs, les femmes sont systématiquement défavorisées. Comme nous vous l'évoquions, cela se voit par exemple dans les salaires, où l'écart ne se résorbe que très lentement. En 2019, les femmes belges gagnaient encore en moyenne 22,7% de moins que les hommes. Une étude d'Ifop publiée en France notait en juin dernier que même lorsqu'il s'agit de s'occuper des animaux de compagnie, les femmes sont aussi sur le coup. Elles sont ainsi 81% à déclarer en faire plus que leur conjoint dans ce cadre.
Dans le Gender Equality Index de 2021, la Belgique est peut-être légèrement au-dessus de la moyenne européenne en termes d’égalité des sexes (avec un score de 72,7 contre 68), mais elle est largement devancée par des pays comme la Suède (83,9). La France est elle aussi mieux placée (75,5). Pour ce qui est des tâches domestiques, l’étude note que 81% des femmes belges s'occupent de la cuisine et/ou du ménage (33% pour les hommes).
Mais le domaine qui pose globalement le plus de problèmes en Belgique dans le Gender Equality Index relève de la place accordée aux femmes quand il est question de détenir un pouvoir socio-économique. Si l’écart tend à se réduire, il reste énorme entre le pourcentage de femmes membres de conseils d'administration des plus grandes sociétés cotées (38%, contre 62% pour les hommes). Pareil pour les membres du conseil d'administration de la banque centrale (35% de femmes, 65% d'hommes) et des organismes de radiodiffusion publics (27% de femmes, 73% d'hommes). Enfin, la palme de l'inégalité revient aux plus hautes instances décisionnelles des organisations sportives nationales olympiques en Belgique. Là-bas, les membres n'appartient qu'à hauteur de 12% à la gente féminine, contre 88% pour la gente masculine.