
Pour ou contre les restaurants interdits aux enfants?

Le concept a encore fait grand bruit récemment. À Ostende, une famille a été recalée d'une terrasse réservée aux adultes, à cause de la présence de leur fille de six ans. «Les autres personnes présentes sur place ont également été étonnées. Nous allons régulièrement dans des bars et des restaurants et nous n’avons encore jamais eu de problème», raconte le père dans les colonnes de 7sur7. «Nous pouvions nous asseoir sur une autre partie de la terrasse, mais nous n’en avions plus envie.»
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Sérénité, rentabilité et (bad) buzz
C'est loin d'être la première polémique du genre. Il y a trois ans déjà, le restaurant Sir Charles à Nieuport avait fait l'objet de critiques virulentes sur les réseaux sociaux, après avoir interdit les enfants dans son établissement. «Certains parents pensent que notre personnel est en quelque sorte du personnel de garderie pour leur progéniture, et s’offusquent si on leur demande de les contenir», justifiait à l'époque le patron Noël Brossé, assumant totalement sa décision.
L'argument de la tranquillité est donc avancé, mais ce n'est pas le seul. «J’ai perdu énormément d’argent lorsque j’acceptais la jeune clientèle. J’ai perdu 60.000 euros en 5 ans! Des chaises à remplacer, des tables abîmées, je n’en pouvais plus de devoir changer le mobilier, tout cela parce que des parents laissent leurs enfants tout faire», confiait-il à nos confrères de la DH.
Car si certains restaurateurs privilégient le client adulte, c'est aussi une question de rentabilité. «Un couvert d’enfant rapporte près de la moitié d’un couvert adulte pour la plupart des restaurateurs», explique l'un d'entre eux à SoSoir. «Les tables prises par des familles consomment moins et restent longtemps dans ce genre de restaurant, le business model doit être adapté.»
Autre raison, moins assumée: les concepts adults only rapportent gros. D'abord parce que ces établissements trouvent leur public en se forgeant une réputation de havre de paix, ensuite parce que les scandales qu'ils provoquent leur offrent une visibilité inespérée. Noël Brossé avoue, lui aussi, avoir attiré une clientèle plus importante depuis la polémique en 2018. Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi…
Discriminatoire, vraiment?
Du côté des parents outrés par ce mouvement qui reste exceptionnel, on pointe le caractère discriminatoire de la décision. Mais pour Unia, qui lutte pour l'égalité des chances et contre les discriminations en Belgique, c'est assez flou. «On ne peut en Belgique refuser personne sur base de sa couleur de peau, par exemple, mais l’âge relève d’une certaine zone grise. On peut par exemple utiliser un critère d’âge si les raisons sont légitimes, comme avancer qu'il existe énormément d'alternatives», répond Els Keytsman, directrice de l'institution, interrogée par Het Laatste Nieuws. Comme c'est le cas en Belgique et ailleurs, heureusement.