Chacun son secret (4/4): «Je suis la fille adoptive... de mes parents biologiques»

Certaines familles cachent des souvenirs terribles, surprenants ou encore difficiles à assumer. Voici celui de Kathleen, quatrième et dernière témoin de notre série "Chacun son secret".

un enfant adopté avec ses parents
© Adobe Stock

«Au décès de mon père, militaire, j’ai voulu me renseigner auprès de l’armée pour la pension de ma mère. J’avais une trentaine d’années, et j’ai découvert que j’étais la fille biologique de mes parents, que je pensais jusqu’alors adoptifs. La brèche a été ouverte ­lorsque j’ai appris que mon père avait eu une première femme avant ma mère. À la suite de quoi celle-ci m’a raconté la suite… À la fin des années 60, elle tombe enceinte de mon père. Ils ne sont pas mariés, car il l’est déjà. Elle ne le savait pas. Sur les conseils d’un prêtre, elle cache sa grossesse à tous et accouche sous X. Je passe les trois premiers mois de ma vie en pouponnière avant que ma mère ne “m’adopte”. Je grandis sans jamais être au courant de mon histoire. Et bien que la famille se doute de ­quelque chose - je ressemble de plus en plus à ma mère - elle ne connaît pas non plus la vérité. Ces secrets croisés vont détruire le peu de relations qui existent entre ma famille et mes parents. Ma mère ne s’entend pas avec ses frères et sœurs. Depuis toujours, lors des fêtes de famille, il y a comme un malaise, des regards en coin. Je ne comprends pas pourquoi. Quand le secret éclate, mon père est mort, et j’en veux terriblement à ma mère. On finira d’ailleurs par couper les ponts. Je ne comprends pas comment elle a pu se laisser influencer de cette manière par l’Église, et pourquoi elle ne l’a jamais révélé. Pendant des années, je ne me suis pas sentie bien dans ma peau. Les fondations de ma vie s’étaient écroulées. Dans la famille, ça a d’abord été un soulagement pour ceux qui étaient dans le secret et pour ceux qui n’attendaient que la confirmation de ce qu’ils ­suspectaient. J’ai pensé que nos relations allaient s’améliorer. Finalement, ça n’a pas changé grand-chose. Même si connaître la vérité m’a ­permis de comprendre certains ­traumatismes de mon enfance et certains traits de mon caractère actuel, comme ma franchise, peut-être aurait-il mieux valu que je reste dans l’ignorance… Encore aujourd’hui, en parler me noue le ventre et me donne des frissons.»

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